Un Bruce Willis bien fatigué se retrouve embarqué dans une bataille contre des aliens à l’autre bout de l’univers…
COSMIC SIN
2021 – USA
Réalisé par Edward Drake
Avec Bruce Willis, Frank Grillo, Brandon Thomas Lee, Corey William Large, C.J. Perry, Perrey Reeves, Lochlyn Munro, Costas Mandylor
THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES
L’inexorable dégénérescence de la carrière de Bruce Willis fait peine à voir, surtout pour ceux – nombreux – qui exultèrent face à ses prestations irrésistibles dans les années 80/90/2000, avec bien sûr comme point d’orgue le Piège de cristal de John McTiernan. Les choses ont commencé à se gâter lentement mais sûrement au milieu des années 2010, les séquelles réchauffées (Die Hard 5, RED 2, Sin City 2) ouvrant la voie à une série de micro-productions conçues directement pour le marché vidéo. Pas plus glorieuse que celle d’un Christophe Lambert, d’un Steven Seagal ou d’un Dolph Lundgren échoués dans moult DTV interchangeables, cette pente descendante filmographique est d’autant plus désarmante que le comédien semble assumer le parfait je-m’en-foutisme de la démarche, comme s’il affirmait haut et fort le caractère alimentaire de la chose. Le voilà donc coup sur coup à l’affiche d’Anti Life, Apex et Cosmic Sin, qui présentent tous trois le point commun d’avoir été écrits par Edward Drake. Si Cosmic Sin a plus fait parler de lui que les deux autres, c’est sans doute parce qu’il fut diffusé en exclusivité sur la plateforme Prime Vidéo, accompagné d’une campagne publicitaire relativement conséquente. Le film n’entrera pas pour autant dans les mémoires.
Nous sommes en 2524. Installés sur une planète lointaine du système Heracles, les employés de l’exploitation minière Vander Mining Corp signalent à la Terre une rencontre extra-terrestre. Lorsque les survivants de cette expédition sont rapatriés dans un aérodrome terrien pour y être débriefés, les choses dégénèrent. Leur démarche raide, leur regard vide et leur manière de pencher la tête tous en même temps comme les zombies du clip Thriller auraient dû pourtant mettre la puce à l’oreille des autorités. Le fait est qu’ils sont possédés par une entité extra-terrestre malveillante, les Sigea, les plaçant sous son contrôle. Une gigantesque fusillade éclate bientôt, à l’issue de laquelle 53 agents humains sont abattus. L’Alliance (équivalent futuriste du gouvernement) considère cet acte comme une déclaration de guerre. Plusieurs militaires bruts de décoffrage, notamment le général Eron Ryle (Frank Grillo) et son homologue James Ford (Bruce Willis), désavoué par sa hiérarchie après une opération ayant très mal tourné, sont réunis pour une mission officieuse qui consiste à se téléporter jusque sur la planète Ellora pour aller casser de l’alien. Nom de l’opération : Péché Cosmique.
Le vide cosmique
Au tout début, on a encore un peu envie d’y croire. Le film est gorgé de testostérone et pas finaud pour un sou, mais cette intrigue militaro-science-fictionnelle se laisse suivre distraitement, pour peu qu’on passe outre la moue désabusée de Bruce Willis qui donne clairement la sensation de n’être présent sur le plateau que pour pouvoir payer ses impôts. On accepte même avec clémence ces dialogues pseudo-scientifiques qui déclinent le mot « quantique » à toutes les sauces. Mais dès que le commando est propulsé dans l’espace et se transforme en escouade de cosmonautes volants, quelque part à mi-chemin entre Moonraker et Flash Gordon, les dernières bribes de notre suspension d’incrédulité volent en éclats. Comment croire à ces soldats engoncés dans des tenues cuirassées en plastique, bientôt perdus dans une forêt américaine automnale censée représenter une flore extra-terrestre ? Ou à ces acteurs dans des imperméables à capuche qui jouent les aliens ? Filmés caméra au poing dans des plans tremblotants qui finissent par donner la nausée, les protagonistes bavardent interminablement en huis-clos pour décider de la bonne stratégie à adopter, la chanteuse/mannequin/actrice/catcheuse C.J. Perry essaie de paraître crédible en guerrière à la cuirasse aux seins hypertrophiés et aux tresses multicolores, Frank Grillo fait de la figuration en laissant pourtant son nom apparaître tout en haut de l’affiche et Bruce Willis continue à bougonner dans son coin. Bref, pas grand-chose à sauver de ce « Péché Cosmique » qui porte finalement très bien son nom.
© Gilles Pens
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