Cédric Klapisch s’essaie à la science-fiction en plongeant Romain Duris et Jean-Paul Belmondo dans un Paris futuriste recouvert de sable…
PEUT-ÊTRE
1999 – FRANCE
Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Romain Duris, Jean-Paul Belmondo, Géraldine Pailhas, Julie Depardieu, Emmanuelle Devos, Bass Dhem
THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS
Cédric Klapisch n’est pas vraiment familier avec la science-fiction. Avec Riens du tout, Le Péril jeune, Chacun cherche son chat et Un air de famille à son palmarès, il avait plutôt montré jusqu’alors un penchant pour les comédies de mœurs ancrées dans la réalité. Mais il faut croire que l’approche de l’an 2000 l’a poussé dans une nouvelle direction. Le voici donc plongé dans un exercice de style audacieux. Le soir du 31 décembre 1999, Arthur (Romain Duris, l’acteur fétiche du cinéaste) retrouve son amie Lucie (Géraldine Pailhas), désireuse d’avoir un enfant, ce qui semble loin de ses propres préoccupations. Au cours du réveillon, Arthur se retrouve transporté dans le futur, au beau milieu de l’an 2070. Là, dans un Paris ensablé et dénaturé, il rencontre un homme de 70 ans, Ako (Jean-Paul Belmondo), qui dit être son fils… Le postulat de départ est plutôt imaginatif, et il faut avouer que la reconstitution d’un Paris futuriste noyé sous les dunes est des plus réussies.
« Nous sommes partis tourner en Tunisie, dans les mêmes décors et avec la même infrastructure que George Lucas pour Star Wars », nous explique non sans fierté Thomas Duval, superviseur des effets spéciaux visuels. « Je crois même que nous avons dormi dans les mêmes hôtels que son équipe ! L’équipe déco n’a eu que deux ou trois mois pour fabriquer 30 000 mètres carrés de décors réels, en dur. Puis nous nous sommes chargés de prolonger ces décors à l’aide de peintures numériques. » (1) Il faut avouer que ces plans surréalistes, où les protagonistes côtoient autruches et moutons tandis que la Tour Eiffel et le Sacré Cœur surgissent du sable au loin, sont tout à fait étonnants, et nous proposent une vision du futur inédite. Pour le reste, le film se suit distraitement, sans véritable implication du public, tant ces allées et venues entre présent et futur sont évasives et dénuées de la moindre rigueur science-fictionnelle. C’est dommage, car la réflexion sur les implications de la naissance d’un enfant était pleine d’intérêt, tout comme cette idée empruntée à Retour vers le futur qui veut que les descendants d’Arthur s’effacent progressivement tant que leur avenir demeure incertain.
Un air de famille…
Au détour du casting, on reconnaît bon nombre d’habitués de Klapisch, notamment Vincent Elbaz (Le Péril jeune), Zinedine Souallem (Chacun cherche son chat) et Jean-Pierre Bacri (Un air de famille). Le cinéaste manie ainsi l’un de ses exercices favoris : la direction collégiale d’une troupe de comédiens. « Le casting est important, puis viennent les répétitions, que je filme en vidéo afin d’appréhender qui sont mes acteurs, comment ils travaillent et comment ils réagissent », nous raconte-t-il. « C’est en fonction de ces répétitions que je vais décider de quelle manière les diriger. Il est évident que je ne peux pas mettre en scène de la même manière Romain Duris ou Jean-Paul Belmondo. Ils n’ont pas les mêmes cultures de travail et les mêmes techniques. Le fait de filmer les répétitions me donne immédiatement le résultat à l’image, qui n’est pas le même que celui que je perçois en direct. Et lorsque ce résultat me plaît, je m’efforce de le retrouver au moment du tournage. » (2) Après cet exercice d’anticipation un peu laborieux, Klapisch reviendra à ses premières amours avec L’Auberge espagnole.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2002
(2) Propos recueillis par votre serviteur en mai 2005
© Gilles Penso
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