Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, le génial George Pal adapte l’une des féeries des frères Grimm…
TOM THUMB
1958 – USA
Réalisé par George Pal
Avec Russ Tamblyn, Terry-Thomas, Peter Sellers, Alan Young, Jessie Mathews, June Thorburn, Bernard Miles, Ian Wallace
THEMA NAINS ET GÉANTS I JOUETS I CONTES
Après sa mythique série d’animation Puppetoons et la production de nombreux longs-métrages de science-fiction comme Destination Lune, La Guerre des mondes ou La Conquête de l’espace, le prolifique George Pal s’attaque aux Aventures de Tom Pouce en puisant directement son inspiration chez les frères Grimm et en occupant pour la première fois le poste de réalisateur de long-métrage. Une fée apparaît à un pauvre bûcheron pour lui demander de ne pas couper le plus vieil arbre de la forêt. En échange, elle s’engage à exaucer les trois vœux qu’il formulera. Au cours d’une dispute avec sa femme, il les gaspille stupidement. Le vieux couple se lamente alors en exprimant son vrai souhait : celui d’avoir un fils, même s’il n’est pas plus grand qu’un pouce. Or un jour, quelqu’un frappe à leur porte. C’est Tom, un garçon haut de quinze centimètres…
Pour signer les effets visuels de son film, George Pal fait appel à Tom Howard (Le Voleur de Bagdad, Quo Vadis). Celui-ci supervise l’incrustation de Russ Tamblyn, pétillant interprète de Tom, au milieu des autres comédiens et des décors. Mais pour les plus gros morceaux de bravoure du film, Pal souhaite surtout recourir à la magie de l’animation image par image, faisant appel en toute logique à deux vétérans des Puppetoons, Wah Chang et Gene Warren. « J’ai été chargé de concevoir la séquence des jouets qui dansent et de construire toutes les figurines articulées », nous raconte Chang (1). La séquence en question est un véritable morceau d’anthologie. Les jouets de la chambre de Tom s’y réveillent et se lancent dans une chorégraphie haute en couleurs. Le maître de cérémonie de cette réunion surréaliste est Con-Fu-Shun, une poupée chinoise qui explique à Tom que les jouets sont vivants dès que les adultes ont le dos tourné (une idée qui inspira probablement John Lasseter lorsqu’il imagina Toy Story). Aussitôt, cinq petits soldats saluent le minuscule héros, puis mettent en marche un kiosque à musique. Des dizaines de jouets s’agitent alors : un singe habillé en groom, deux personnages sur un wagon, un autre sur un cheval à bascule, un ours en peluche, une girafe, des nains, des lapins, des clowns, un éléphant… C’est un véritable festival !
« L’homme qui baille »
Un peu plus tard, un autre numéro musical laisse libre cours au talent des animateurs : dans une fête foraine, sur le stand d’un Tyrolien, quatre paires de chaussures se mettent à danser et sautiller sous les yeux ébahis de la foule. La dernière grande séquence d’animation du film est celle du « Vieil Endormi ». Comme Tom n’arrive pas à dormir, Cho-Fu-Shun lui propose une méthode infaillible. Un placard s’ouvre alors et révèle une boîte sur laquelle est écrit « Yawning Man », c’est-à-dire « l’homme qui baille ». Il s’agit d’un vieil homme en chemise de nuit qui chante une chanson ponctuée de bâillements, ce qui a pour effet d’endormir tous les jouets et Tom. Truffé de séquences poétiquement fantasmagoriques de cet acabit, Les Aventures de Tom Pouce est donc un vrai petit régal. Russ Tamblyn (futur Riff de West Side Story) ne cesse d’y sautiller avec un enthousiasme communicatif, tandis que Peter Sellers et Terry-Thomas, campent d’hilarants méchants caricaturaux.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en novembre 1998
© Gilles Penso
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