Dans cette suite du remake de Dr Jerry et Mister Love, Eddie Murphy interprète huit personnages tous plus exubérants les uns que les autres…
THE NUTTY PROFESSOR 2 – THE KLUMPS
2000 – USA
Réalisé par Peter Segal
Avec Eddie Murphy, Janet Jackson, Larry Miller, John Ales, Richard Gant, Anna Maria Horsford, Melinda McGraw, Jamal Mixon
THEMA JEKYLL & HYDE
Le Professeur Foldingue ayant triomphé au box-office, ses producteurs se sont aussitôt penchés sur une séquelle, en mettant l’accent sur ce qui avait le plus séduit un public visiblement peu exigeant : l’humour bien gras et les facéties de la famille du docteur Sherman Klump, dont chaque membre est interprété par Eddie Murphy sous un maquillage différent. L’ironie veut qu’à l’origine, la fameuse séquence du dîner de la famille Klump faillit être coupée au montage du Professeur Foldingue, tant elle s’écartait de l’intrigue principale. Ce n’est qu’à la dernière minute qu’on décida de la conserver. Tom Shadyac, réalisateur du film précédent, occupe ici le poste de producteur exécutif, laissant la chaise du metteur en scène à Peter Segal, lequel fit ses premières armes en dirigeant Y’a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? Les effets comiques pétomanes s’enchaînent donc dans cette séquelle en bannissant volontairement toute finesse, ce qui laisse peu de place au développement d’un scénario filiforme.
Depuis sa dernière mésaventure, le massif Sherman Klump souffre d’une forme étrange de schizophrénie. Son double facétieux, Buddy Love, le hante de plus en plus fréquemment, et prend même parfois la parole à sa place. Ce qui s’avère forcément gênant, surtout pour draguer la belle scientifique interprétée par Janet Jackson, échouée là pour des raisons qui nous échappent. En désespoir de cause, Klump invente un élixir qui lui permet d’éradiquer définitivement cet encombrant alter ego. Mais les conséquences s’avèrent pour le moins fâcheuses, car désormais Buddy Love a pris corps et vit indépendamment, tandis que Klump perd peu à peu son intelligence… Une fois de plus, le maquilleur Rick Baker s’en donne à cœur joie, couvrant sous des tonnes de mousse de latex un Eddie Murphy déchaîné qui ajoute ici un rôle supplémentaire à son répertoire (le bébé Klump). Les délais de maquillage empêchant le comédien d’interpréter plus d’un personnage par jour, le planning de tournage s’en trouva sérieusement compliqué.
Multiplicity
Au-delà de cette multiplication des performances, art dans lequel Murphy est passé maître depuis quelques années déjà, le fait d’attribuer au même acteur autant de rôles s’inscrit pleinement dans la thématique initiale du récit qui – ne l’oublions pas – prend ses racines chez Robert Louis Stevenson : le dédoublement de personnalité. Cela dit, le récit de La Famille Foldingue semble surtout conçu pour accumuler un maximum de gags triviaux qui fonctionnent comme autant de sketches autonomes. Deux d’entre eux sortent du lot : une parodie onirique d’Armageddon, où Klump s’imagine en sauveur potentiel de la planète (le pastiche cligne aussi de l’œil vers La Guerre des étoiles et 2001 l’odyssée de l’espace), et une expérience ratée qui dote un hamster de proportions gigantesques, lequel s’en va ensuite joyeusement culbuter le doyen de l’université. Le reste du film ne marquera guère les mémoires, malgré un dénouement exubérant au cours duquel Buddy Love rajeunit à la vitesse grand V, se mue en bébé farceur et gigotant, puis carrément en blob rampant que Klump doit ingérer s’il veut retrouver son cerveau de génie !
© Gilles Penso
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