HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS 2 (1989)

Le producteur Tsui Hark et le réalisateur Ching Siu-Tung concoctent une suite délirante qui ne recule devant aucun excès…

SINNUI YAUMAN 2 / A CHINESE GHOST STORY 2

 

1989 – HONG-KONG

 

Réalisé par Ching Siu-Tung

 

Avec Leslie Cheung, Joey Wong, Michelle Reis, Jacky Cheung, Ma Wu, Feng Ku, Shun Lau, Siu-Ming, Lau Waise

 

THEMA FANTÔMES I DIABLE ET DÉMONS I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS

Le succès d’Histoires de fantômes chinois dépassa allègrement les espoirs les plus fous de son producteur Tsui Hark et de son réalisateur Ching Siu-Tung, l’exploitation cinéma puis la distribution en vidéo de cette œuvre époustouflante ayant su ravir le public du monde entier. Ce triomphe entraîna une multitude d’imitations et ouvrit les portes du cinéma de Hong-Kong au grand public occidental, une ouverture déjà entamée avec les films de John Woo. Une séquelle était donc inévitable. Les moyens mis à la disposition des deux hommes furent considérables : un budget de 26 millions de dollars hongkongais, un planning de neuf mois de production, des décors multiples, une figuration imposante et des effets spéciaux toujours plus sophistiqués, intégrant cette fois ci les dernières avancées en matière de trucages numériques. Ce changement d’échelle induit un ton un peu différent, délaissant un peu la romance au profit d’une exubérance qui semble puiser son inspiration dans le langage graphique du dessin animé et de la bande dessinée.

Dans une Chine oppressée par la dictature de terrifiants sorciers aux pouvoirs démoniaques, le jeune scribe Ning Choi Sin (Leslie Cheung), héros du film précédent, se retrouve emprisonné par erreur et condamné à être décapité. Il échappe de justesse à ce sort peu enviable grâce à l’intervention de son compagnon de cellule qui lui permet de prendre la poudre d’escampette en empruntant un passage souterrain. Alors qu’il se retrouve en pleine forêt, Ning rencontre un moine taoïste (Jacky Cheung) avec qui il se lie d’amitié. Celle-ci est rapidement mise à l’épreuve par un combat contre une escouade de spectres agressifs qui s’avèrent être des combattants déguisés en rébellion contre le démoniaque Grand Prêtre de la cour. Parmi ces guerriers, notre héros est envoûté par le charme d’une jeune fille (Wang Tsu-Hsien) qui ressemble trait pour trait au spectre dont il s’était épris dans le premier film. Mais les véritables créatures surnaturelles ne tardent pas à montrer le bout de leur nez…

Action non-stop

Comme on pouvait le craindre, cette suite s’avère moins réussie que l’original, en partie à cause d’un scénario confus plus superficiel. On regrette aussi bien sûr l’atténuation des scènes de séduction qui gorgeaient de charme le film précédent, malgré la présence de la toujours magnifique Wang Tsu-Hsien dans le rôle d’une réincarnation supposée du fantôme féminin du premier épisode. L’humour (dé)bridé, en revanche, ne faillit pas, tout comme ces scènes d’action incroyablement énergiques, s’appuyant sur un rythme et des effets auxquels les spectateurs d’Occident étaient encore peu familiers. On se souviendra en particulier de l’affrontement burlesque du héros contre un colosse monstrueux de trois mètres de haut, ou encore de l’assaut d’un mille-pattes géant par des guerriers chevauchant comme des surfeurs des épées volantes (animées en partie en images de synthèse). Grâce à l’usage inventif de la marche arrière, de l’accéléré, des câbles et des mouvements de caméra vertigineux, les lois de la pesanteur sont sans cesse bafouées dans un dynamisme fou à couper le souffle. Parmi les personnages insolites de ce second épisode, on note en particulier le fameux moine taoïste Autumn (Jacky Cheung) qui voyage sous terre à la manière d’une taupe et fige ses adversaires d’un simple geste de la main, ou encore l’impressionnant guerrier Van (Wu Ma) dont le carquois garni de sabres orne son dos comme celui d’un paon. Très confiant, Tsui Hark amorça les préparatifs d’Histoires de fantômes chinois 3 alors que celui-ci était encore en production.

 

© Gilles Penso


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