Pendant sept jours, Dieu donne à un homme ses pouvoirs et lui demande de gérer le monde à sa place…
BRUCE ALMIGHTY
2003 – USA
Réalisé par Tom Shadyac
Avec Jim Carrey, Jennifer Aniston, Morgan Freeman, Lisa Ann Walter, Philip Baker Hall, Catherine Bell, Steve Carell
Avec à son palmarès des « œuvres » aussi peu marquantes qu’Ace Ventura, Professeur Foldingue ou Menteur menteur, Tom Shadyac semble accumuler les comédies comme on travaille à la chaîne, sans passion ni innovation, se contentant la plupart du temps d’une mécanique éprouvée et bien huilée, dénuée d’âme et concoctée à l’instar d’une recette ayant fait ses preuves. Comme on pouvait s’y attendre, Bruce tout-puissant ne déroge pas vraiment à la règle, donnant la vedette à un Jim Carrey qui en fait des tonnes pour nous rappeler, après les échecs de Man on the Moon et The Majestic, qu’il est toujours le parfait équivalent en chair et en os des dessins animés de Tex Avery. À ses côtés, Morgan Freeman assure le service minimum dans un registre où il n’est visiblement pas tout à fait à son aise, tandis que Jennifer Aniston semble un peu dépassée par les événements, comme si elle éprouvait quelques difficultés à gérer correctement sa carrière post-Friends.
Le concept de Bruce tout-puissant s’inspire largement de celui de L’Homme qui faisait des miracles que Lothar Mendes réalisa en 1936 d’après un scénario de Herbert George Wells en personne. Ici, Carey incarne Bruce Nolan, un journaliste cantonné aux reportages régionaux insignifiants, alors qu’il brigue depuis longtemps le poste de présentateur du 20 heures. Déçu par sa stagnation professionnelle et par sa vie de couple de plus en plus morose, il finit par craquer et s’en prend directement à Dieu, l’accusant de tous les maux. Celui-ci répond illico, et le met au défi de mieux gérer le monde que lui, en le dotant pendant sept jours de tous ses pouvoirs. Grisé, Bruce utilise sa toute-puissance pour obtenir enfin ce qu’il souhaite, mais il y a évidemment un revers de la médaille…
Aide-toi et le Ciel t’aidera
Conçu comme un conte de fées moralisateur, Bruce tout-puissant véhicule un message pour le moins douteux, qui semble d’abord être le classique « aide-toi et le Ciel t’aidera » mais qui s’avère plutôt pencher vers le « au lieu de t’évertuer à faire le bien autour de toi, pense d’abord à ton propre bonheur ». Édifiante, cette ode à l’égoïsme n’est même pas tempérée par un second degré salvateur. Car le scénario opte pour une tonalité binaire, soit comique, soit sentimentale, mais jamais les deux en même temps, tandis que la pesante et omniprésente partition de John Debney croit bon de souligner grossièrement chaque effet. Restent quelques effets spéciaux surprenants, comme l’embouteillage qui s’écarte tel la Mer Rouge, le tiroir gigantesque qui contient toutes les informations sur Bruce, les sept doigts dont s’affuble soudain la main de ce dernier ou l’invasion de post-it. Reconnaissons également la réussite d’une poignée de séquences comiques, notamment lorsque le présentateur du JT, rival de Bruce, perd tout contrôle en plein direct et se met à bégayer atrocement, ou lorsque le chien prend l’habitude de faire ses besoins aux toilettes. Mais la majorité des gags, hélas, tombe plutôt à plat, comme cette mauvaise imitation de Clint Eastwood, carrément embarrassante tant elle traîne en longueur. Le bilan est donc plutôt négatif pour ce Bruce tout-puissant qui connut pourtant un succès assez remarquable au box-office américain.
© Gilles Penso
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