Barbara Steele incarne une épouse vénale et diabolique soudain hantée par le fantôme de son défunt mari…
LO SPETTRO
1063 – ITALIE
Réalisé par Riccardo Freda
Avec Barbara Steele, Peter Baldwin, Leonard G. Elliot, Harriet Medin, Reginald Price Anderson, Carlo Kechler
THEMA FANTÔMES
Après avoir enchaîné plusieurs films d’horreur, Barbara Steele espère que sa présence dans le Huit et demi de Federico Fellini, même furtive, la fera remarquer par un nouveau public et lui permettra de changer de registre. Mais si elle joue par la suite dans le film d’aventures Il Capiteno di Ferro de Sergio Grieco et dans la comédie romantique Les Heures de l’amour de Luciano Salce, l’horreur la rappelle sous son giron. Riccardo Freda lui fait ainsi reprendre du service dans Le Spectre du professeur Hichcock qui, malgré les apparences, n’est pas la séquelle de L’Effroyable secret du docteur Hichcock mais plutôt une variante sur des thèmes voisins. L’intrigue se situe en Ecosse en 1910. Le professeur du titre, cette fois-ci incarné par Elio Jotta, vit dans une vieille maison isolée, en compagnie de sa jeune épouse Margaret (Barbara Steele) et de sa gouvernante Catherine (Harriet Meddin White). Passionné par les sciences occultes, il est gravement malade et cloué sur un fauteuil roulant. Le docteur Charles Livingstone (Peter Baldwin) expérimente sur lui une nouvelle thérapie, mais sa philanthropie est toute relative. En réalité, c’est l’amant de Margaret, et celle-ci n’attend qu’une chose : le trépas de son époux. « Libère moi » dit-elle à Charles, suggérant un « empoisonnement thérapeutique » discret et efficace. Charles hésite, entravé par un semblant d’éthique médicale, mais finit par céder face aux exigences de sa maîtresse.
Dans le rôle de cette épouse vénale, égoïste, capricieuse et manipulatrice, Barbara Steele s’avère délicieusement détestable. Pourtant, lorsque se déchaînent autour d’elle les phénomènes paranormaux, elle parvient par miracle à susciter notre empathie, écarquillant une nouvelle fois ses yeux immenses et déformant sa bouche bardée de tics nerveux. Il faut dire que le fauteuil roulant qui se déplace tout seul et dévale les escaliers (précurseur de celui de L’Enfant du diable) ou la voix lugubre du professeur qui sort de la bouche de la gouvernante soudain possédée (une séquence annonciatrice de L’Exorciste) ont de quoi faire craquer les nerfs les plus solides.
Un cadavre à la fenêtre
Ce n’est pourtant que le prélude d’une série d’événements terrifiants, tels quel l’apparition du cadavre du professeur à la fenêtre ; les gouttes de sang qui s’écoulent inexplicablement sur le lit ou les objets qui se mettent à voltiger en tous sens dans la chambre. Le Spectre du professeur Hichcock reste mémorable pour de nombreuses séquences de suspense, la plus fameuse d’entre elles étant celle où Barbara Steele, le regard habité par une pulsion assassine, rase son époux avec une lame effilée, tandis que retentit une valse lancinante sur une boîte à musique. Cette mélodie reviendra régulièrement hanter la bande originale du film. Quant au rasoir, ce sera l’arme d’un crime très graphique clignant de l’œil une fois de plus vers l’œuvre d’Alfred Hitchcock, en l’occurrence Psychose. Comme dans le Hichcock précédent, Riccardo Freda emprunte pour signer ce film le pseudonyme américanisé de Robert Hampton, procédé employé par une grande partie de l’équipe technique et artistique italienne.
© Gilles Penso
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