Mike Newell adapte un roman de Bram Stoker pour mettre en scène une momie qui mène la vie dure à Charlton Heston…
THE AWAKENING
1980 – USA
Réalisé par Mike Newell
Avec Charlton Heston, Jill Townsend, Susannah York, Stephanie Zimbalist, Patrick Drury, Bruce Myers, Nadim Sawalha
THEMA MOMIES
Sous la barbe blanche de Moïse, Charlton Heston avait mis quarante jours pour quitter l’Égypte dans le monumental Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Vingt-quatre ans plus tard, il y retourne gaiement dans la peau de l’archéologue quinquagénaire Matthew Corbeck. En quête de la tombe de la reine Kara, mentionnée dans les écrits du chercheur hollandais Van Hoorn, Corbeck développe une véritable obsession. Du coup, il délaisse carrément Anne (Jill Townsend), sa femme enceinte, comme si ses fouilles primaient sur le bébé qui ne saurait tarder à venir. La malheureuse en souffre, bien sûr. « Elle cherche à attirer l’attention d’un homme hanté par les morts » constate avec lucidité Jane Turner (Susannah York), son assistante. Le chercheur finit par dénicher le caveau de Kara. Or dès qu’il la met à jour, son épouse tombe malade et doit être hospitalisée d’urgence. Le montage parallèle, habile, alterne l’avancée de l’égyptologue dans le caveau antique et l’accouchement de son épouse, qui manque de tourner à la catastrophe. La récupération de la momie provoque la mort d’un homme qui, comme par hasard, voulait faire cesser les fouilles. N’en pouvant plus d’être délaissée, Anne s’enfuit avec le bébé.
18 ans plus tard, Corbeck est devenu un professeur presque aussi barbu et chenu que Moïse (décidément !) et retourne en Égypte, où Kara est exposée, car une bactérie inconnue provoque sa décomposition. C’est là qu’entre en scène sa fille Margaret, désormais une jolie jeune fille (Stephanie Zimbalist) qui semble avoir hérité de l’obsession de son père pour l’envoûtante Kara… C’est « Le Joyau des sept étoiles », écrit par Bram Stoker en 1903, qui sert d’inspiration à La Malédiction de la vallée des rois. Or ce roman fit déjà l’objet d’une adaptation sulfureuse huit ans plus tôt, La Momie sanglante, sous la direction de Seth Holt. Et face à ce prédécesseur prestigieux produit par le studio Hammer (avec en tête d’affiche l’inoubliable Valérie Léon), le film de Mike Newell fait pâle figure, malgré des moyens beaucoup plus conséquents.
Les mystères de l’Égypte
La mise en scène manque d’éclat, la musique de Claude Bolling ne fait pas dans la finesse et l’on sent bien une volonté maladroite de capitaliser sur le succès de La Malédiction de Richard Donner (volonté que traduit de manière assez explicite le titre français du film). D’autre part, le scénario s’encombre de personnages superflus (comme le jeune chercheur Paul Whittier qui disparaît d’ailleurs en cours de route) et s’achemine vers une révélation finale que les spectateurs ont devinée dès les premières séquences. L’un des principaux atouts du film – sur lequel misa d’ailleurs beaucoup sa campagne de promotion – fut le choix d’utiliser comme lieux de tournage de véritables sites égyptiens, contrairement à la grande majorité des films de momies réalisés jusqu’alors, se contentant généralement de décors reconstitués en studio. Mike Newell, qui fait ici ses débuts au cinéma après une longue carrière de metteur en scène pour la télévision, réalisera plus tard des œuvres aussi disparates que Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco ou Harry Potter et la coupe de feu.
© Gilles Penso
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