DES FILLES POUR UN VAMPIRE (1960)

Une troupe de danseuses de music-hall se retrouve coincée dans un château isolé où règne un comte assoiffé de sang…

L’ULTIMA PREDA DEL VAMPIRO

 

1960 – ITALIE

 

Réalisé par Piero Regnoli

 

Avec Walter Brandi, Lyla Rocco, Maria Giovannini, Alfredo Rizzo, Marisa Quattrini, Leonardo Botta, Antoine Nicos, Corinne Fontaine

 

THEMA VAMPIRES

Une demi-douzaine de danseuses écervelées, leur impresario radin et leur chauffeur/pianiste taciturne sont bloqués par une tempête alors qu’ils voyagent dans leur minibus. En quête d’un refuge qui ne coûtera pas un centime, notre petite troupe passe outre les recommandations des autochtones effrayés et décident de dormir dans un château isolé au sommet d’une montagne. Là, ils sont accueillis par un comte mystérieux et ténébreux, comme il se doit, qui répond au nom exotique de Gabor Kernassy et qui semble très intéressé par Vera, la vedette de la compagnie. En effet, celle-ci – refrain connu – est le portrait craché de la défunte Marguerita qu’il portait jadis dans son cœur. Au milieu de la nuit, Katia, l’une des danseuses les plus cruches du groupe, arpente les couloirs obscurs en quête d’une salle de bains… et est retrouvée morte au pied du château le lendemain matin. Le deuil est de courte durée, puisque sitôt la donzelle enterrée, la troupe se remet à répéter son spectacle dans l’une des vastes pièces du château, en attendant que le fleuve qui a détruit le pont les reliant à la grand-route veuille bien cesser sa crue. L’une des danseuses se livre même à un long strip-tease en musique qui s’avère d’une folle gratuité mais permet de combler agréablement plusieurs minutes d’un métrage au scénario bien maigre.

On le voit, Des Filles pour un vampire est une production fauchée, qui ne recule devant aucun cliché (le château dans la montagne, la nuit frappée d’orages, le chat qui miaule dans les couloirs sombres, le serviteur qui s’appelle Zoltan, le laboratoire empli de cornues fumantes, de squelettes et d’animaux empaillés) et mise beaucoup sur la photogénie de ses comédiennes. L’humour n’y est pas absent pour autant, comme en témoigne l’oraison funèbre que le pianiste dédie à la première défunte : « Ce qui lui ferait le plus de plaisir, c’est qu’on se souvienne d’elle comme ce qu’elle a toujours voulu être : les plus jolies jambes d’Europe ! » Au détour de quelques séquences inspirées, Des Filles pour un vampire sait cependant créer des ambiances troubles et mémorables, comme lors de l’irruption nocturne d’une accorte femme vampire nue comme un ver et assoiffée de sang.

Épouvante rétro et érotisme naïf

La visite de la crypte souterraine par l’héroïne esseulée, dans un décor orné de torches, de tombes séculaires et de toiles d’araignées magnifiquement éclairées, n’a quant à elle rien à envier aux travaux picturaux d’un Mario Bava ou d’un Antonio Margheriti (le réalisateur Piero Regnoli fut d’ailleurs l’assistant de Riccardo Freda sur Les Vampires). Ainsi, malgré son scénario famélique et son comte vampire cruellement dénué de magnétisme (Walter Brandi ressemble plus à un présentateur télé des années 60 qu’à un émule italien de Christopher Lee !), Des Filles pour un vampire sait satisfaire l’attente des amateurs d’un fantastique rétro graphique et atmosphérique, saupoudré d’un soupçon d’érotisme, à défaut de posséder des personnages dignes de ce nom et des péripéties foncièrement originales. Le film se clôt sur un climax rocambolesque et sur un trucage d’une touchante naïveté symbolisant l’éradication – définitive ? – du mal…

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article