RETRO PUPPET MASTER (1999)

Comme son titre l’indique, ce septième opus de la saga Puppet Master nous offre un flash-back révélant les origines des célèbres poupées tueuses…

RETRO PUPPET MASTER

 

1999 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Greg Sestero, Brigitta Dau, Stephen Blackehart, Jack Donner, Guy Rolfe, Robert Radoveanu, Vitale Bantas, Sando Teodor, George Calin

 

THEMA JOUETS I SAGA PUPPET MASTER I CHARLES BAND

Ne sachant plus trop par quel bout prendre sa saga fétiche Puppet Master pour continuer à l’exploiter le plus longtemps possible, le producteur Charles Band décide de jouer la carte de la prequel, quitte à bouleverser un peu les faits racontés dans les épisodes précédents. Retro Puppet Master commence donc en 1944 et offre au comédien Guy Rolfe une ultime occasion d’incarner ce bon vieil André Toulon, qu’il joua déjà trois fois par le passé. Caché avec ses poupées dans un bar abandonné près de la frontière suisse, il attend l’occasion de pouvoir prendre la fuite. C’est une première aberration chronologique, puisque Toulon est censé avoir passé l’arme à gauche en 1939 (selon le premier Puppet Master) ou en 1941 (si l’on se réfère à Puppet Master III). Dans un moment de nostalgie, le vieil homme raconte à ses poupées l’histoire du magicien Afzel (Jack Donner) qui, dans l’Egypte antique, vola le « secret de vie » à une entité toute puissante nommée Sutekh. S’agit-il du démon monstrueux du même nom qui apparaissait dans Puppet Master 4 et Puppet Master 5 ? Nous n’en aurons jamais la confirmation. Toujours est-il que Sutekh ramène trois momies à la vie et les charge de lui rapporter son bien. Les créatures en bandelettes sont affublées d’un maquillage très approximatif dû à un malentendu pendant le tournage. L’équipe des effets spéciaux croyait jusqu’au jour J que la scène des momies avait été supprimée du scénario et dut donc se procurer en quatrième vitesse des bandages en pharmacie ! Voilà qui donne une idée des conditions dans lesquelles fut tourné Retro Puppet Master.

Toulon poursuit son récit et nous transporte dans le Paris de 1902, où il prit connaissance du fameux secret lui permettant de donner vie à des jouets. Une fois de plus, les habitués de la franchise sont perplexes puisque cette information contredit Puppet Master 2, où nous apprenions que Toulon découvrait cette formule magique dans l’Egypte en 1912. Avec l’aide de quatre assistants, le jeune André dirige dans ce Paris de la Belle Epoque un théâtre de marionnettes qui remporte un grand succès. L’artiste a désormais les traits juvéniles de Greg Sestero, futur co-producteur et co-vedette du légendairement calamiteux The Room de Tommy Wiseau. Après une représentation, André tombe amoureux d’Ilsa (Brigitta Dau), la ravissante fille de l’ambassadeur de Suisse. Mais le soir de leur rencontre, un homme est agressé devant le théâtre. Il s’agit du sorcier Afzel, que les hommes de mains de Sutekh (désormais tout de noir vêtu, affublés de lunettes de soleil et de chapeaux mous) font assassiner. Avant de trépasser, le vieil homme enseigne à Toulon l’art de placer l’âme d’un homme mort dans une chose inanimée pour lui donner vie. Voici comment Toulon devient le maître des poupées.

Poupées primitives

Tourné en 12 jours en Roumanie avec le concours du producteur local Vlad Paunescu, Retro Puppet Master est plus ambitieux et plus abouti que Le Retour des Puppet Master qui accusait trop visiblement son cruel manque de moyens. Reconstitution d’époque soignée, décors et costumes du début du siècle, belle photographie, cet épisode voit les choses en grand. Deux gros changements sont à noter par rapport au reste de la saga : Richard Band n’est plus en charge de la musique (remplacé par John Massari qui cligne de l’œil vers Bernard Herrmann avec les moyens du bord) et les équipes des effets spéciaux ont totalement changé. Cette fois-ci, Christopher Bergschneider et Jeffrey S. Farley sont en charge des poupées. Ces dernières présentent d’ailleurs une particularité surprenante : ce ne sont pas celles que nous connaissons mais plutôt leurs ancêtres, sous des formes plus primitives. Six coups, Blade, Pinhead et Tunneler nous apparaissent donc dans des versions « rétro », assorties de deux compagnons que nous ne connaissions pas : un cyclope en uniforme et un médecin à tête de mort. Privées de stop-motion, ces poupées s’animent avec plus ou moins d’efficacité selon les plans, mais les fils qui servent à les manipuler sont souvent très visibles à l’écran, ruinant du même coup toute leur crédibilité. C’est d’autant plus dommage que leur look est intéressant, notamment ce cyclope visiblement conçu en hommage Ray Harryhausen. Retro Puppet master marque donc un petit bond qualitatif par rapport à l’épisode précédent, même si le dernier tiers du film s’avère bâclé, multipliant les rebondissements improbables et s’achevant sur un combat théâtral et risible.

 

© Gilles Penso


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