BATMAN ET ROBIN (1997)

Dans la foulée de Batman Forever, Joel Schumacher réalise sans doute la pire de toutes les aventures du Chevalier Noir de Gotham City…

BATMAN AND ROBIN

 

1997 – USA

 

Réalisé par Joel Schumacher

 

Avec George Clooney, Chris O’Donnell, Arnold Schwarzenegger, Uma Thurman, Alicia Silverstone

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA BATMAN I DC COMICS

Après le catastrophique Batman Forever, Joel Schumacher enchaîne deux ans plus tard avec un Batman et Robin parachevant le massacre. L’homme chauve-souris a encore changé de visage, Val Kilmer cédant son masque à George Clooney. Ce dernier, révélé par le docteur Ross qu’il jouait dans la série Urgences puis passé sur le grand écran à l’occasion d’Une nuit en enfer, se prête au jeu avec joie, endossant la panoplie du justicier de Gotham City avec la ferme intention de le débarrasser des derniers lambeaux de noirceur que le personnage possédait encore sous les traits de Val Kilmer. De fait, si la direction artistique « dark » imposée par Tim Burton continue d’imprégner ce quatrième opus, le traitement des personnages s’approche bien plus de celui – volontiers parodique – de la série Batman des années soixante. Faisant fi des critiques assassines et se laissant conforter par le grand public qui offrit un accueil triomphal à Batman Forever, Joel Schumacher continue donc de s’engouffrer dans la brèche excessive du film précédent.

Si Chris O’Donnell reprend le rôle de Robin, une nouvelle recrue prête main forte au « duo dynamique » : Batgirl, autrement dit Alicia Silverstone qui n’a pas grand-chose à défendre, affublée d’un personnage transparent et d’un costume fort peu seyant. De nouveaux méchants se joignent aussi à la fête. Il y a d’abord Mister Freeze, incarné par Arnold Schwarzenegger qui, sous un maquillage parfaitement ridicule, empoche le modique salaire de 25 millions de dollars pour six semaines de tournage. Une affaire plutôt rentable pour l’ex-Terminator tout heureux d’ajouter un méchant exubérant à son répertoire. La vacuité de ce super-vilain (qui pousse le grotesque jusqu’à porter des chaussons en peluche !) est d’autant plus frustrante que ses motivations premières (soumettre la ville à un hiver glacial pour récolter les fonds nécessaires à la guérison de sa femme) auraient pu le muer en figure désespérée et romantique. À ses côtés, Uma Thurman campe la vénéneuse Poison Ivy qui commande aux fleurs et aux plantes carnivores. Tout ce beau monde s’affronte dans un show disco qui ressemble bien plus à un spectacle de Las Vegas qu’à une adaptation de l’univers de Bob Kane.

Une mauvaise blague

Schumacher tente bien d’égayer les choses en ornant le film de nouveaux véhicules destinés à alimenter les rayons des marchands de jouets, notamment une Batmobile entièrement revue et corrigée façon Jaguar des années 50 et une moto rouge futuriste pour l’agile Robin, ou de décors grandioses (le repaire de Mister Freeze, le sinistre Arkham Asylum, la Batcave, la cachette luxuriante de Poison Ivy, le musée de Gotham City). Mais ce déferlement de démesure cosmétique n’est que poudre aux yeux. Considéré comme l’un des films les plus désastreux de l’histoire du cinéma par les lecteurs du magazine Empire, récipiendaire de quelques Razzie Awards (les fameux anti-Oscars), Batman et Robin ressemble à une mauvaise blague adressée aux amateurs du comics original, lesquels purent se consoler grâce à plusieurs séries animées diffusées sur les écrans entre 1997 et 2004, notamment La Ligue des Justiciers regroupant les héros phare de l’univers DC. Christopher Nolan allait reprendre les choses en main en 2005 avec Batman Begins.

 

© Gilles Penso


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