THE MASK (1994)

Jim Carrey crève l’écran dans le rôle d’un timide banquier transformé en mister Hyde cartoonesque grâce à un masque très particulier…

THE MASK

 

1994 – USA

 

Réalisé par Chuck Russell

 

Avec Jim Carrey, Cameron Diaz, Peyer Riegert, Peter Greene, Amy Yasbeck, Richard Jeni, Orester Matacena, Timothy Bagley, Nancy Fish, Johnny Williams

 

THEMA SUPER-HÉROS

A l’origine, « The Mask » est une bande dessinée assez violente publiée en 1985 par Dark Horse Comics. Mais le réalisateur Chuck Russell, pourtant signataire d’un Freddy 3 et d’un Blob assez gratinés, préfère transformer la brutalité de la BD en délire cartoonesque. C’est l’occasion pour New Line Cinema de passer à la vitesse supérieure en réunissant une vingtaine de millions de dollars, le plus gros budget de la compagnie à l’époque. Le studio et Russell évacuent donc volontairement le potentiel horrifique du comics original (balayant d’un revers le projet d’adaptation initial développé à la fin des années 80 et s’orientant vers une franchise gore pour adolescents à la Freddy) pour se tourner vers un très large public. Le scénario rédigé par Mike Werb prend la tournure d’une comédie romantique sur fond d’histoire de gangsters à l’ancienne qui vire subitement au fantastique pur et dur sous l’influence des Looney Tunes et surtout de Tex Avery. Pour enfoncer le clou de cette approche « old school », le cinéaste garnit son long-métrage de morceaux de bravoure chorégraphiques s’appuyant sur une réinvention endiablée de plusieurs standards du swing et de la musique latino (notamment le fameux « Cuban Pete »).

The Mask raconte l’histoire de Stanley Ipkiss, un employé de banque timide et fou de cartoons qui découvre un jour un masque en bois étrange. Lorsque Stanley le met sur son visage, il change de tête et devient un personnage de dessin animé en chair et en os. Il se déplace à toute vitesse, fait des bonds spectaculaires, évite les coups de feu en se tortillant, s’aplatit puis se regonfle comme un ballon… Bref, The Mask est une prouesse technique de tous les instants. « L’équipe d’ILM m’a dit que si j’étais venu les voir avec le scénario de The Mask six mois plus tôt, nous n’aurions pas pu le concrétiser en images de synthèse », nous raconte Chuck Russell. « Dans ce cas, j’aurais utilisé d’autres techniques, tout en mettant à contribution le talent comique de Jim Carrey. L’idée n’était pas que le public se dise : “Oh, quel bel effet spécial !“, mais qu’il se laisse prendre par les personnages et l’histoire. » (1) Le discours de Russel se tient, mais on a du mal à imaginer The Mask sans les prouesses en 3D de l’équipe d’ILM. Grâce à elles, le masque en bois se ramollit, devient vert et recouvre entièrement la tête d’Ipkiss. Plus tard, lorsque notre héros au visage vert voit une pulpeuse chanteuse de cabaret, ses yeux sortent de leurs orbites, sa mâchoire tombe sur la table, sa langue se déroule et sa tête devient celle d’un loup. Il faut aussi souligner le travail remarquable du maquilleur spécial Greg Cannom, qui crée pour l’occasion un masque inoubliable collant au plus près à la structure osseuse du comédien et l’affublant de dents gigantesques.

Tex Avery en 3D

Cela dit, il faut reconnaître que la pantomime de Jim Carrey et l’exubérance de ses expressions faciales assurent une grande partie du potentiel comico-cartoonesque du personnage. Un autre comédien agrémenté des mêmes effets spéciaux n’aurait pas offert le même spectacle (comme le prouvera le dispensable Fils du Mask avec Jamie Kennedy). La grande trouvaille de The Mask est justement d’avoir confié le rôle principal à un Jim Carrey pas encore mué en icône du cinéma comique. Chuck Russell suit sa carrière de près depuis longtemps, assiste à plusieurs de ses spectacles à Los Angeles et c’est lui qui propose son nom à New Line. Ce choix de casting est explosif. A mi-chemin entre le Bruce Campbell d’Evil Dead 2 et le Jack Nicholson de Batman, cet ouragan débordant d’énergie est à lui seul un effet spécial, que les artistes d’ILM n’ont plus qu’à décupler pour le muer en incarnation en volume des folies de Tex Avery. The Mask aura donc contribué à transformer le comédien en superstar et à révéler le talent de Cameron Diaz, qui fait ici ses premiers pas à l’écran après des années de mannequinat. Le triomphe du film est planétaire, mais si ses acteurs stars se sont immédiatement retrouvés propulsés en tête d’affiche à Hollywood, Chuck Russell n’a pas aussi bien amorcé la suite de sa carrière, L’Effaceur, L’Élue ou Le Roi scorpion n’étant pas dignes de son talent et de son inventivité.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995

 

© Gilles Penso

 

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