Denise Richards est amoureuse d’un tyrannosaure animatronique meurtrier piloté à distance par le cerveau de son fiancé !
TAMMY AND THE T-REX
1994 – USA
Réalisé par Stewart Raffill
Avec Denise Richards, Theo Forsett, Paul Walker, Ellen Dubin, Terry Kiser, Buck Flower, Ken Carpenter, George Pilgrim, Sean Whalen, John Franklin
THEMA DINOSAURES
Produit dans la foulée du succès fou de Jurassic Park et baptisé d’abord Teenage T-Rex au moment de sa présentation au Marché du film de Cannes en 1994, puis Tanny & the Teenage T-Rex et finalement Tammy and the T-Rex, cet objet filmique est parfaitement indéfinissable. La genèse du long-métrage elle-même laisse rêveur. Stewart Raffill, réalisateur de Ice Pirates, Philadelphia Experiment et Mac et moi, est un jour contacté par le propriétaire de plusieurs salles de cinéma en Amérique du Sud qui lui affirme posséder pour un temps limité un tyrannosaure animatronique grandeur nature. La bête doit ensuite voyager vers le Texas pour être exploitée dans un parc d’attractions. Mais si Raffill est capable d’écrire un scénario en une semaine et de tourner le film dans la foulée, le dinosaure pourra en être la vedette. Voilà comment est né cet improbable Tammy and the T-Rex ! Le cinéaste part donc en tournage en septembre 1993 avec un script à peine ébauché qui sera réécrit au fur et à mesure des prises de vues. Pour gagner du temps et faire quelques économies, Raffill choisit des lieux de tournage les plus proches possibles de son domicile et s’embarque dans l’aventure la plus bizarre de sa carrière.
Quelques années avant que Starship Troopers ne la fasse accéder à la célébrité, la délicieuse Denise Richards incarne la Tammy (ou Tanny, selon les versions) du titre, une étudiante follement amoureuse de Michael (Paul Walker, futur héros de la franchise Fast and Furious). Mais tous deux sont surpris en pleins ébats par le vil Billy (George Pilgrim), ex-petit ami de la jeune fille qui apprécie très peu de la voir exulter dans les bras d’un autre. Avec la bande de voyous qui l’accompagne, Billy kidnappe Michael et l’abandonne en pleine nuit dans un zoo où le malheureux se fait déchiqueter par un léopard ! Le point de départ est donc déjà une belle épreuve pour la suspension d’incrédulité des spectateurs. Mais ce n’est qu’un hors d’œuvre. Le meilleur – ou le pire, c’est selon – reste à venir. Car le corps mutilé du jeune homme est bientôt récupéré par le génial mais fou docteur Wachenstein (Terry Kiser) qui a construit un tyrannosaure mécanique grandeur nature et projette de connecter le cerveau de Michael au corps du monstre animatronique ! Cette expérience délirante que même les séries B les plus excessives des années 50 n’auraient pas osé mettre en scène réussit au-delà de toute espérance. Bien sûr, le dinosaure/robot/humain s’énerve, massacre tous les scientifiques à la solde de Wachenstein et s’enfuit pour retrouver sa dulcinée…
Bizarrosaure
Tammy and the T-Rex est un film d’autant plus aberrant que sa tonalité nous échappe totalement. Un tel postulat semble taillé sur mesure pour une comédie loufoque riche en clins d’œil et en gags référentiels. Mais s’il collecte volontiers les passages humoristiques, Stewart Raffill aborde la plupart du temps ses séquences avec un premier degré désarmant qui renforce davantage son caractère comique – involontaire ou non, allez savoir – notamment lorsque la belle, en observant ce gros dinosaure pataud, comprend soudain qu’il s’agit de son petit ami ! Denise Richards écarquille ses jolis yeux embués, la bande originale sort les violons, le T-Rex fait « grrrr grrr » et le spectateur ne sait plus où donner de la tête. Ce grand écart prend une tournure encore plus déstabilisante lorsque Tammy and the T-Rex bascule soudain dans le gore le plus décomplexé. Têtes coupées, membres déchiquetés, intestins arrachés, corps broyés, le maquilleur spécial John Carl Buechler (Re-Animator) s’en donne à cœur joie sans la moindre retenue, face à la caméra d’un Stewart Raffill qui visiblement ne sait même pas ce qu’il est en train de filmer. La plupart de ces séquences ultra-sanglantes seront coupées au montage, dans l’espoir de faire de Tammy and the T-Rex un spectacle familial acceptable. Mais c’est une peine perdue. Le film est tellement « autre » qu’il passe à côté de cette cible potentielle et se transforme en objet de culte pour tous les amateurs de bobines déjantées et inclassables. D’où la réinjection dans le montage de ses exactions gore au moment de sa restauration.
© Gilles Penso
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