OBLIVION (1994)

Un mixage improbable entre le western et la science-fiction avec des cowboys, des aliens, des cyborgs et des scorpions géants…

OBLIVION

 

1994 – USA

 

Réalisé par Sam Irvin

 

Avec Richard Joseph Paul, Jackie Swanson, Andrew Divoff, Meg Foster, Isaac Hayes, Julie Newmar, Carel Struycken, George Takei, Musetta Vander, Jimmie F. Skaggs

 

THEMA SPACE OPERA EXTRA-TERRESTRES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA CHARLES BAND

Né de l’imagination fertile du producteur Charles Band, Oblivion recycle un projet baptisé « Shoot to Kill » développé une première fois en 1986 pour la compagnie Empire. Band profite de ce projet audacieux – qui mixe le western et la science-fiction – pour inaugurer les studios Castel qu’il a acquis en Roumanie. L’intégralité du tournage se déroule donc en périphérie de Bucarest, dans des conditions précaires et bancales sous la direction de Sam Irvin (futur réalisateur de L’Île magique et Elvira et le château hanté). Au scénario, on note la présence de Peter David, dont le nom allait plus tard devenir fameux dans le monde des comic books (notamment chez Marvel et Dark Horse). Oblivion donne le ton dès son premier plan : dans le ciel immaculé d’un désert de Far West surgit un vaisseau spatial, accompagné d’une musique martiale qui mime avec les moyens du bord les envolées symphoniques de John Williams. Tous les clichés du western sont dès lors détournés à la mode futuriste (le duel, la bagarre de saloon, la taverne avec les prostituées, les fusillades au ralenti), avec un certain goût prononcé pour le kitsch. Presque aussi caricatural qu’un film de Troma dont on aurait expurgé le mauvais goût, la nudité ou le gore, Oblivion est un film au ton un peu insaisissable.

Si les acteurs principaux sont incarnés par de parfaits inconnus, cette production Band se distingue tout de même par l’apparition d’une poignée de guest stars surprenantes comme Meg Foster en policier cyborg, Isaac Hayes en barman de saloon ou George Takei en médecin ivrogne. Ce dernier est convaincu de se lancer dans l’aventure par le scénariste Peter David, avec lequel il a collaboré sur plusieurs adaptations en comics de Star Trek. Pris au jeu, Takeï improvise plusieurs de ses répliques, notamment un certain nombre de clins d’œil au personnage de Sulu qui l’a rendu célèbre. Encombré d’un humour généralement poussif et de longs dialogues statiques, Oblivion met en scène une galerie improbable de personnages qui ressemblent tous à des figurants échappés d’un parc d’attraction. Parmi eux, on note des nains surexcités, un géant sinistre, une poignée d’aliens (dont le grand méchant, un homme-lézard qui a la capacité de faire repousser ses membres coupés) et quelques créatures hybrides jouées par des marionnettes (un croisement entre une mouche et une chauve-souris juché sur le panneau de la ville Oblivion, un crapaud crustacé vorace qui assiste à un bras de fer dans un saloon).

Le combat des monstres

L’élément le plus réjouissant du film est finalement – comme très souvent chez Charles Band – la contribution du département effets visuels dirigé par David Allen. Alors très occupé par son projet personnel The Primevals, Allen supervise les effets d’Oblivion et confie la stop-motion à Joel Fletcher. Ce dernier est donc chargé d’animer les « Night Scorps », des scorpions géants à double queue particulièrement impressionnants. Le premier d’entre eux surgit derrière un promontoire rocheux et menace un Indien ficelé au sol. Le design de cette bête hybride, quelque part entre les créatures de Phil Tippett et de Brett Piper, fait son petit effet. La bête est chassée par les coups de feu d’un cowboy mais revient lors du climax nocturne pour affronter l’un de ses congénères et grignoter au passage quelques personnages. Toutes proportions gardées, ce grand final évoque les séquences de monstres du Scorpion noir et de Howard et clôt en beauté un film par ailleurs très anecdotique. Confiant dans le potentiel d’Oblivion, Charles Band lui alloue un budget de 2,5 millions de dollars et prévoit de le sortir en salles. Mais le film sera finalement exploité directement en vidéo en décembre 1994 sans faire beaucoup d’éclat. Une suite sera réalisée deux ans plus tard.

 

© Gilles Penso


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