Le premier roman de Marc Levy se transforme en ghost story gentillette animée par Reese Witherspoon et Mark Ruffalo…
JUST LIKE HEAVEN
2005 – USA
Réalisé par Mark Waters
Avec Reese Witherspoon, Mark Ruffalo, Donal Logue, Ben Shenkman, Jon Heder, Ivana Millicevic, Rosalind Chao
THEMA FANTÔMES
Avant même sa publication et son phénoménal engouement auprès du public en l’an 2000, le premier roman de Marc Levy séduisit fortement les cadres de Dreamworks, bien décidés à en faire un film tout public. Cinq ans plus tard, le gentil conte « Et si c’était vrai… » se mue ainsi en comédie romantique dont le titre original, Just Like Heaven, reprend celui d’une chanson du groupe Cure. Reese Witherspoon incarne Elizabeth, une jeune interne célibataire dévouée corps et biens à son travail et ses patients, qui se retrouve fauchée en pleine nuit par un accident de la route et bascule illico dans l’au-delà. Quelques mois plus tard, David (Mark Ruffalo) s’installe dans l’appartement qu’il vient de louer, prêt à démarrer une nouvelle vie suite au décès de son épouse. Lorsqu’il tombe nez à nez avec Elizabeth, qui lui affirme que cet appartement est le sien, David croit d’abord à un malentendu. Mais les apparitions et disparitions subites d’Elizabeth finissent par le convaincre qu’il a affaire à un fantôme. D’autant que personne, à part lui, ne semble la voir ou l’entendre. Elizabeth met du temps à accepter son état immatériel, mais elle ne s’avoue pas vaincue pour autant. Elle est en effet persuadée que son corps est encore en vie, quelque part en ville. Ses doutes sont justifiés : après l’accident, elle a sombré dans le coma, et repose désormais à l’hôpital, branchée à une myriade d’appareils électriques. Son état étant jugé désespéré, on s’apprête à la débrancher. Elizabeth supplie dès lors David d’empêcher cet acte sans appel. Or ce dernier commence lentement mais sûrement à tomber amoureux du joli spectre.
L’originalité du roman de Marc Levy reposait beaucoup sur la nature de son fantôme, car pour une fois il ne s’agit pas de l’esprit d’un défunt mais plutôt du corps astral d’un être humain en train de dépérir. Dans le texte initial, la jeune fille était immédiatement consciente de son état, déclarant à son colocataire inopiné : « ce que je vais vous dire n’est pas facile à entendre, impossible à admettre, mais si vous voulez bien écouter mon histoire, si vous voulez bien me faire confiance, alors peut-être que vous finirez par me croire et c’est très important car vous êtes, sans le savoir, la seule personne au monde avec qui je puisse partager ce secret. »
Et si c'était mieux ?
Dans le film, elle nie l’évidence, et il lui faut assister à quelques effets spéciaux grossier à la Ghost (elle traverse les murs, les objets et les personnes) pour enfin admettre son immatérialité. Tout le film, hélas, est à l’avenant : ni les décors, ni la photo, ni la musique, ni la direction d’acteur n’offrent la moindre finesse. Mark Ruffalo ne se tire pas si mal d’un rôle pourtant difficile, mais Reese Witherspoon ne parvient pas à se départir de son image de poupée Barbie agaçante. Son personnage ne réussissant ni à nous toucher, ni à nous émouvoir, le ressort principal du récit s’en trouve considérablement enrayé. Le film se saborde définitivement au cours d’un dénouement sirupeux évacuant l’audacieuse fin ouverte imaginée par Marc Levy pour s’acheminer vers un prudent happy end désespérément convenu.
© Gilles Penso
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