DOOM (2005)

Cette adaptation du célèbre jeu vidéo met en vedette The Rock en chef de commando musclé luttant contre des mutants monstrueux…

DOOM

 

2005 – USA

 

Réalisé par Andrzej Barthoviak

 

Avec The Rock, Karl Urban, Rosamund Pike, Ben Daniels, Deobia Oparej, Razaaq Adoti, Richard Brake, Dexter Fletcher

 

THEMA MUTATIONS

Doom s’engouffre la tête la première dans le piège généralement tendu aux adaptations de jeux vidéo : les aficionados de la console crient à la trahison en ne retrouvant aucune des émotions fortes véhiculées par ce classique du FPS (« tir à la première personne »), et les néophytes ne comprennent guère l’intérêt d’un film de SF aussi décérébré. Dès les premières minutes, le film affiche – volontairement ? – sa référence principale, en l’occurrence Aliens de James Cameron. Un commando de marines est en effet sollicité d’urgence pour une mission de sauvetage. La station de recherche scientifique Olduvai, basée sur la planète Mars, vient de subir une mise en quarantaine suite à l’attaque de créatures monstrueuses non identifiées. Sarge (l’ex-catcheur The Rock, qui ne se faisait pas encore appeler Dwayne Johnson) et son équipe de gros bras quittent la Terre à l’aide d’une arche spatio-temporelle tout droit échappée de Stargate et sont accueillis sur Mars par Samantha Grimm (Rosamund Pike), membre de l’équipe scientifique qui a mis à jour les dépouilles d’une race humanoïde modifiée génétiquement à l’aide d’un chromosome supplémentaire. Ce que Samantha ignore, c’est que ses employeurs ont ordonné des tests sur des condamnés à mort, leur injectant le 24ème chromosome. D’horribles mutations suivies de la contamination des scientifiques sont les conséquences de ces expériences contre-nature.

D’où la présence de monstres hideux (mixage étrange entre l’homme, le requin et le dinosaure) crachant des parasites qui pénètrent sous la peau des hôtes humains, lesquels se comportent comme des zombies assoiffés de chair fraîche avant la métamorphose définitive. Concepteur des créatures d’Aliens et Predator, Stan Winston est sollicité en toute logique pour donner vie à ces bestioles plutôt impressionnantes. The Rock tente pour sa part de s’imposer en digne successeur d’Arnold Schwarzenegger. Mais son inexpressivité joue sérieusement en sa défaveur, même si son personnage révèle en cours de route une facette inattendue qui complique un peu les enjeux de la mission. Le colosse s’était d’ailleurs vu initialement proposer le rôle plus positif de John Grimm, le frère de Samantha (incarné finalement par Karl Urban), et c’est sa lecture du scénario qui l’incita à opter finalement pour l’ambigu Sarge.

Les gentils et les méchants

Mais le manichéisme du film demeure atterrant. En effet, les méchants à qui on injecte le C-24 se muent invariablement en monstres voraces tandis que les gentils, en revanche, deviennent des surhommes ! Le jugement dernier ne se joue donc plus sur le seuil de l’au-delà  mais à la pointe d’une seringue. Un quart d’heure avant la fin, le metteur en scène nous offre enfin le gimmick tant attendu : une vue subjective en plan-séquence du héros qui, l’arme à l’avant-plan, dégomme du monstre à tour de bras le long des coursives. Mais l’effet – dont John Woo avait savamment exploité le potentiel dramatique dans le climax hallucinant d’À toute épreuve – se limite ici à un gadget visuel sans conséquence. Andrzej Barthoviak semble d’ailleurs tellement embarrassé par ce « passage obligatoire » qu’il n’utilise cet axe de prise de vue que pendant cinq minutes, préférant achever son film par un ridicule combat à mains nues. Sur un registre voisin, même le médiocre Resident Evil parvenait à nous captiver davantage.

 

© Gilles Penso

 

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