Une variante sur le thème classique de la poupée maléfique qui réserve son lot de surprises et de rebondissements…
THE BOY
2016 – USA / GB / CANADA / CHINE
Réalisé par William Brent Bell
Avec Lauren Cohan, Rupert Evans, Jim Norton, Diana Hardcastle, Ben Robson, James Russell, Jett Klyne, Lily Pater, Stephanie Lemelin
THEMA JOUETS
C’est en 2014 que William Brent Bell, réalisateur de Stay Alive et The Devil Inside, annonce officiellement qu’il va diriger un film d’horreur surnaturel baptisé d’abord The Inhabitant, puis In a Dark Place, et finalement The Boy. En changeant de titre, le projet évolue et cherche à élargir au maximum sa cible, quitte à effacer en cours de route les séquences les plus sanglantes et les passages trop sexuellement orientés. Coproduction ambitieuse entre les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Chine, The Boy se mue donc au fil de ses réécritures en film d’horreur beaucoup plus « soft » que ce qui était initialement prévu. Exit le gore et la nudité, place à une épouvante « old school » qui s’appuiera majoritairement sur son atmosphère et sa bizarrerie. En tête d’affiche, nous retrouvons un visage familier du genre : Lauren Cohan, connue pour ses rôles récurrents dans des séries comme Supernatural, Vampire Diaries ou The Walking Dead. Charge à elle d’être le pôle d’identification des spectateurs qui vivront cette étrange aventure à travers ses yeux.
The Boy s’ouvre sur un très beau thème pour piano de Bear McCreary et s’amorce à la manière de nombreux films gothiques classiques : l’arrivée d’une étrangère dans un grand manoir en rase campagne britannique. Lauren Cohan incarne Greta Evans, une Américaine originaire du Montana qui vient d’accepter un travail de nounou pour la famille Heelshire. Greta fuit un passé tumultueux et sympathise sur place avec Malcolm (Rupert Evans), le jeune homme qui est chargé d’approvisionner les lieux en denrées diverses. La rencontre avec les Heelshire est assez particulière. Ce couple âgé un brin austère (Jim Norton et Diana Hardcastle) a des habitudes très « vieille Angleterre » et recherche une jeune femme prête à se plier à leurs exigences très strictes. Greta est prête à jouer le jeu. Mais quand vient le moment de présenter Brahms, l’enfant dont il faut s’occuper, le malaise cède le pas à la stupeur. Car Brahms est une poupée de porcelaine grandeur nature à l’effigie d’un petit garçon !
Mauvais garçon
The Boy est un film qui joue d’abord sur l’ambiance, les petites touches d’étrangeté, l’inquiétude latente. Pour y parvenir, William Brent Bell s’appuie sur une direction artistique de premier ordre : une photographie très soignée de Daniel Pearl (Massacre à la tronçonneuse et son remake), des décors somptueux conçus par John Willett (La Firme, Lake Placid, Destination finale), un site naturel très photogénique capté au Canada (le Craigdarroch Castle)… Le deuxième atout majeur du film est la prestation de Lauren Cohan, crédibilisant avec subtilité les différents états par lesquels passe son personnage : l’incrédulité amusée, la surprise, l’inquiétude et finalement la terreur. The Boy n’échappe pas aux clichés d’usage (les cauchemars à répétition, l’incontournable scène de la douche, des « jump scares » attendus) mais parvient à réfréner les raccourcis faciles pour créer la surprise. De fait, Brahms n’est ni un émule de Chucky, ni même une version masculine d’Annabelle. Il se rattache à un autre sous-genre du cinéma d’horreur, persistant à semer le doute jusqu’à un dernier acte qui offre une toute nouvelle lecture des événements racontés dans le film. Sans doute The Boy est-il trop « sage », trop aseptisé pour convaincre totalement. Mais si la critique reste mitigée, le public lui réserve un triomphe. Avec des recettes mondiales de plus de 68 millions de dollars pour un budget de dix millions, c’est un succès incontestable. Une séquelle inévitable sera mise en chantier en 2020.
© Gilles Penso
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