POINT LIMITE (2000)

Stephen Frears réunit un casting de premier ordre pour le remake télévisé d’un terrifiant thriller de politique-fiction…

FAIL SAFE

 

2000 – USA

 

Réalisé par Stephen Frears

 

Avec Richard Dreyfuss, Harvey Keitel, Brian Dennehehy, George Clooney, Don Cheadle, James Cromwell, Sam Elliott, Hank Azaria

 

THEMA POLITIQUE-FICTION

En signant pour le petit écran le remake du fameux film de politique fiction que réalisa Sidney Lumet en 1964, Stephen Frears opte pour deux parti pris surprenants. Le premier est lié au scénario lui-même. Au lieu de transposer l’intrigue à l’aube du 21ème siècle pour mieux coller à l’actualité, ce nouveau Point limite conserve les années 60 et le cadre de la guerre froide comme contexte historique. Pour renforcer le rapprochement avec le film original, l’image est d’ailleurs en noir et blanc. Le second parti pris est une audacieuse décision de production et de réalisation. À l’instar des « dramatiques » des années 60 comme les premiers épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir, Point limite version 2000 fut tourné en vidéo multicaméras et diffusé en direct sur CBS. Coup publicitaire doublé d’une performance technique, ce choix artistique augmente considérablement l’impact de l’œuvre, notamment ses effets de suspense et la sensation d’urgence inhérente au concept. Ce qui n’empêche évidemment pas d’apprécier le film en dehors de sa  diffusion initiale et événementielle.

Reprenant fidèlement la trame du premier Point limite, lui-même inspiré du roman d’Eugene Burdick et Harvey Wheeler, le téléfilm de Stephen Frears raconte donc le déclenchement potentiel d’une troisième guerre mondiale lorsque des bombardiers américains s’envolent vers Moscou et s’apprêtent à y lâcher une bombe atomique suite à une erreur technique. Les pilotes ayant pour instruction de n’obéir qu’aux machines pour éviter de recevoir des instructions truquées, rien ne semble pouvoir arrêter le cauchemar en marche. S’ensuivent de longues et pénibles négociations entre le président des États-Unis et celui de la Russie, tandis que plusieurs conseillers militaires s’efforcent d’échafauder maintes théories susceptibles de minimiser la catastrophe. Ainsi, avec quatre décors principaux (la salle des généraux, le conseil de guerre, la pièce où téléphone le président et le cockpit du bombardier principal) et une poignée d’images d’archive pour les vues extérieures d’avions et de missiles, Stephen Frears parvient à conter un drame à échelle planétaire, empruntant plusieurs de ses effets de mise en scène au théâtre.

Compte à rebours mortel

La narration est d’ailleurs divisée en cinq actes bien marqués. Dans sa gestion de la tension et du dilemme, Point limite rappelle à l’instar de son modèle les meilleurs moments de Douze hommes en colère, qui tirait lui aussi parti de l’épure de son décor. Le suspense va donc croissant, lentement mais sûrement, jusqu’à un terrifiant climax. L’efficacité du film passe aussi par son casting quatre étoiles, dominé par Richard Dreyfuss en président des États-Unis, Harvey Keitel en partisan d’une solution pacifique, Hank Azaria en fervent militariste anti-communiste, Brian Dennehy en général en proie au tiraillement et George Clooney en pilote de bombardier respectant trop scrupuleusement la procédure. Par l’efficacité de son discours, cet extraordinaire plaidoyer anti-nucléaire prouve qu’il n’était nul besoin de déplacer le cadre historique de l’intrigue pour affûter son impact, et s’achève par la longue liste de tous les pays détenteurs de l’arme atomique en l’an 2000.

 

© Gilles Penso


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