Milla Jovovich affronte toute une série de monstres géants dans un monde parallèle désertique…
MONSTER HUNTER
2020 – USA / ALLEMAGNE / CHINE / JAPON
Réalisé par Paul W.S. Anderson
Avec Milla Jovovich, Tony Jaa, Ron Perlman, T.I., Diego Boneta, Meagan Good, Josh Helman, Jin Au-Yeung, Hirona Yamazaki, Jannik Schümann
THEMA MONDES PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS I ARAIGNÉES I DINOSAURES I DRAGONS
Aux yeux des amateurs de fantastique et de science-fiction, le nom de Paul W.S. Anderson n’est pas particulièrement synonyme de qualité. Pour quelques réussites (Event Horizon, Soldier) on compte beaucoup de déceptions (Mortal Kombat, la saga Resident Evil, Alien vs. Predator, Course à la mort). Anderson poursuit malgré tout son petit bonhomme de chemin en restant fidèle au genre qu’il affectionne tant. En 2002, à l’occasion de Resident Evil, il dirigeait pour la première fois sa future épouse Milla Jovovich. Peu appréciée des fans mais suffisamment rentable pour avoir généré de nombreux épisodes, cette franchise lui donna l’idée d’une autre adaptation d’un jeu vidéo Capcom, en l’occurrence « Monster Hunter » créé en 2004 par Kaname Fujioka. Après cinq ans de négociations en vue d’en acquérir les droits, il parvient à mettre sur pied une coproduction internationale réunissant des investisseurs américains, allemands, chinois et japonais. Porté en grande partie par la compagnie Constantin Films, Monster Hunter se concrétise finalement pour un budget de soixante millions de dollars. L’équipe de tournage s’installe en Afrique du Sud et en Namibie, profitant de magnifiques décors naturels désertiques parfaitement adaptés aux besoins du scénario écrit par Anderson.
Alors qu’ils sont en train d’effectuer une mission de recherche pour retrouver une unité militaire mystérieusement disparue, les soldats aux ordres du capitaine Nathalie Artemis (Milla Jovovich) font face à un phénomène climatique inexpliqué. Une gigantesque tempête frappée par des éclairs magnétiques s’abat sur eux et envoie valdinguer leurs deux véhicules comme de vulgaire fétus de paille. Lorsque le calme revient, ils se retrouvent au beau milieu d’un paysage désertique inconnu. À peine ont-ils le temps de revenir à eux qu’un gigantesque monstre caché sous le sable surgit et les attaque. Artémis et quelques hommes ont tout juste le temps de s’échapper. Les voilà plongés dans un monde parallèle où de terrifiantes et colossales créatures règnent jour et nuit. Seule alternative pour survivre : s’improviser chasseurs de monstres…
La chasse est ouverte
La patine de Monster Hunter est son atout majeur. Au-delà de la photogénie sauvage de ses décors extérieurs, le film nous offre une galerie de monstres très impressionnants directement inspirée des jeux originaux : les diablos (qui évoquent d’abord les vers des sables de Dune ou de Tremors avant de révéler leur véritable morphologie cornue et bipède), les grouillantes araignées géantes qui infestent les souterrains, des dinosaures cuirassés dont l’apparence s’inspire des ankylosaures du Crétacé et le dragon Rathalos (le « boss » final) qui n’est pas sans rappeler le Smaug de la trilogie du Hobbit. Avouons-le tout de suite, ce bestiaire est l’un des seuls véritables intérêts du film. Certes, Milla Jovovich est dans une forme olympique et se démène avec beaucoup de conviction dans les nombreuses séquences de combat du métrage. Mais dès qu’elle s’aventure sur un registre différent (la comédie, l’émotion), les limites de sa palette sautent aux yeux. La mise en scène d’Anderson, de son côté, ne fait pas dans la dentelle. Le montage est souvent confus, l’action pas toujours lisible, et l’abus de ralentis vire presque à la parodie involontaire. Sans compter la tonitruante bande originale de Paul Haslinger. Mais c’est surtout le scénario de Monster Hunter qui déçoit. Après une entrée en matière intrigante et une première partie qui emboîte le pas de Duel dans le Pacifique (avec l’intéressante idée d’une impossibilité pour les deux antagonistes de communiquer par le langage), l’intrigue se met à tourner en rond, puis à rebondir n’importe comment comme un ballon qu’on aurait trop vite dégonflé. Des personnages improbables surgissent, les scènes d’action deviennent totalement incohérentes et le final bascule dans l’absurdité la plus totale. Échec commercial et critique, Monster Hunter ne remboursera son budget qu’à grand peine. La franchise espérée est donc tuée dans l’œuf, malgré une séquence post-générique à la Marvel qui cherche à relancer tardivement la curiosité du public.
© Gilles Penso
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