L’ÉTÉ DE LA PEUR (1978)

Dans ce téléfilm signé Wes Craven, l’héroïne de L’Exorciste se confronte à une jeune fille qui semble s’adonner à la sorcellerie…

STRANGER IN OUR HOUSE / SUMMER OF FEAR 

 

1978 – USA

 

Réalisé par Wes Craven

 

Avec Linda Blair, Lee Purcell, Jeremy Slate, Jeff McCracken, Jeff East, Jeff McCracken, Carol Lawrence, Macdonald Carey, Fran Drescher, James Jarnigan

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA WES CRAVEN

En 1977, Wes Craven lâche sur les écrans La Colline a des yeux et prend tout le monde par surprise. Récipiendaire de maintes récompenses à travers le monde, notamment à Londres, Sitges et Los Angeles, ce survival sauvage et sans concession aura permis d’assoir sa réputation, lancée par le brutal La Dernière maison sur la gauche, et de le sacrer nouveau maître de l’épouvante. Sur sa lancée, le réalisateur accepte la proposition du producteur Max Keller qui souhaite lui confier la réalisation d’un téléfilm d’épouvante pour la chaine NBC : L’Été de la peur (dont le titre original est Stranger in our House, autrement dit « Une étrangère dans notre maison »). Craven consent à mettre un peu la pédale douce sur l’horreur à l’occasion de cette parenthèse télévisée qui met en vedette Linda Blair, un an après qu’elle ait été en tête d’affiche de L’Exorciste 2. Le scénario adapte avec un certain nombre de libertés un roman de Loïs Duncan. L’une des concessions faites au texte original est l’importance donnée à l’équitation dans le film, pour satisfaire l’affection de Linda Blair pour les chevaux.

L’ancienne possédée de L’Exorciste incarne Rachel Bryant, une jeune fille adepte des concours hippiques qui doit cohabiter du jour au lendemain avec une cousine qu’elle ne connaissait pas, Julia Trent (Lee Purcell). Après la mort de ses parents dans un accident automobile, cette dernière est en effet recueillie par son oncle et sa tante, donc les parents de Rachel. Au début, les relations entre les deux adolescentes sont au beau fixe. Mais peu à peu, Rachel commence à soupçonner cette cousine énigmatique de cacher son jeu. Ne se rapproche-t-elle pas un peu trop de son petit-ami ? N’entretient-elle pas des relations étranges avec son père ? Et comment expliquer l’agressivité soudaine du cheval de Rachel dès qu’il croise le chemin de Julia, lui qui d’habitude est doux comme un agneau ? Plus elle s’interroge, plus elle collecte des indices qui lui font penser que Julia n’est pas vraiment qui elle affirme être, mais aussi qu’elle pratique la sorcellerie.

Cauchemar en cousine

Malgré sa facture de téléfilm, ses faibles moyens et son look daté (les brushings volumineux des actrices principales en attestent), cette production modeste sait susciter le malaise et la tension. Comme d’autres praticiens du genre s’étant essayé au format télévisé (John Carpenter avec Meurtre au 43ème étage, Steven Spielberg avec La Chose et Duel), le futur réalisateur des Griffes de la nuit parvient à s’astreindre aux contraintes budgétaires, techniques et éditoriales de la télévision américaine des années 70. Certes, L’Été de la peur est sans doute anecdotique au regard d’autres longs-métrages de Craven, mais plusieurs séquences sortent du lot, comme l’attaque impressionnante du cheval qui se jette sur Lee Purcell et entreprend de briser les vitres de la voiture dans laquelle elle s’est réfugiée. L’efficacité de la mise en scène de Craven, la précision du montage d’Howard Smith et le travail remarquable du dresseur Jim Medearis se combinent pour faire de ce moment l’un des temps forts du film. L’autre est sans doute le climax, une poursuite automobile endiablée où le responsable des effets spéciaux John Frazier et le régleur des cascades Mickey Gilbert sortent le grand jeu. Ses excellentes audiences sur NBC poussent les distributeurs à sortir le film en salles dans plusieurs pays d’Europe. Il est alors rebaptisé Summer of Fear, d’où son titre français. Dans la foulée, Max Keller proposera à Wes Craven de produire son long-métrage suivant : ce sera La Ferme de la terreur.

 

© Gilles Penso

 

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