LE PHARE DE L’ANGOISSE (2000)

Un tueur psychopathe s’installe dans un phare, prêt à massacrer tous les naufragés qui passent à sa portée

LIGHTHOUSE

 

2000 – GB

 

Réalisé par Simon Hunter

 

Avec James Purefoy, Rachel Shelley, Christopher Adamson, Paul Brooke, Don Warrington, Christopher Dunne, Bob Goody

 

THEMA TUEURS

Premier long-métrage écrit et réalisé par le Britannique Simon Hunter, Le Phare de l’angoisse met en scène un redoutable tueur en série du nom de Leo Rook (Chris Adamson). Véritable force de la nature, et psychopathe comme il se doit, il parvient à s’évader du bateau qui assurait son transit et celui d’autres prisonniers, et trouve refuge dans un phare. Après avoir assassiné les gardiens, il prend possession des lieux et éteint le feu de signalisation. Fatalement, le bateau-prison, privé de repères lumineux, s’échoue sur les récifs, et une poignée de rescapés se réfugie à son tour dans le phare. Le petit groupe, constitué de détenus, de policiers et d’une femme médecin, va donc se transformer en gibier pour notre tueur adepte de la machette, féru de décapitations et collectionneur de têtes coupées ! Même si le décor nocturne du phare perdu au milieu des mers déchaînées propose une alternative intéressante aux sempiternelles maisons de banlieue ou camps de vacance où sévissent invariablement nos psycho-killers habituels, force est de constater que ce Phare de l’angoisse brille par son absence de nouveauté et de surprise. L’intrigue est fort convenue, le schéma narratif usé jusqu’à la corde, et les situations très familières. Leo Rook se contente donc de suivre la voie tracée par Michael Myers et Jason Voorhes.

Visiblement conscient de la minceur de son récit, Hunter s’efforce de transcender ces clichés en série par une mise en scène virtuose, excessivement stylisée et truffée de morceaux de bravoure. C’est donc là que réside tout l’intérêt du film : dans sa photographie somptueuse signée Tony Imi, ses décors sinistrement photogéniques, son montage nerveux, ses cadrages parfois vertigineux, ses effets spéciaux visuels magistraux et sa bande son richement ciselée (qu’agrémente une partition brillante de la très prometteuse Debbie Wiseman). Mais tout ce talent mériterait amplement de se mettre au service d’un scénario digne de ce nom. Car même si elles sont menées de main de maître, certaines séquences conçues comme des morceaux d’anthologie, notamment les longs moments de suspense dans les toilettes ou dans la barque sur la plage, manquent leur objectif premier : faire peur.

L’esthétique du psycho-killer

Tout y est : le visage du tueur dans l’ombre, la machette qui brille dans la nuit, les halètements saccadés des futures victimes, les cadrages obliques, le sang qui coule goutte à goutte, le silence salvateur sans cesse sur le point d’être brisé… Mais l’alchimie de l’épouvante ne prend pas. Comme si le trop-plein d’esthétisation finissait par muer les scènes d’angoisse en pures abstractions décalées et distantes. Apparemment influencé par John Carpenter, dont il reprend plusieurs motifs puisés notamment dans Halloween et Fog, Simon Hunter se laisse carrément inspirer par Alfred Hitchcock et Sueurs froides à la fin de son film, l’achevant par un climax prévisible, haut perché et hystérique qui n’hésite pas à en faire des tonnes. Sur le territoire américain, le Phare de l’angoisse fut distribué sous le titre passe-partout de Dead of Night (c’était déjà celui d’une demi-douzaine de films d’horreur, dont Au cœur de la nuit et Le Mort-vivant).

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article