JUNGLE CRUISE (2021)

Dwayne Johnson et Emily Blunt s’embarquent dans une aventure fantasmagorique inspirée d’une célèbre attraction de Disneyland…

JUNGLE CRUISE

 

2021 – USA

 

Réalisé par Jaume Collet-Serra

 

Avec Dwayne Johnson, Emily Blunt, Jack Whitehall, Edgar Ramirez, Jesse Plemons, Paul Giamatti, Andy Nyman, Quim Gutiérrez

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Le succès de Pirates des Caraïbes : la malédiction du Black Pearl était inespéré. Un long-métrage tiré d’une attraction de Disneyland avait-il franchement de quoi captiver les spectateurs ? Il faut croire que oui, à condition que la mécanique empruntée au parc d’attractions ne soit qu’un prétexte autour de laquelle se construise un scénario original riche en rebondissements et en personnages pittoresques. En attendant qu’un second opus de la saga consacrée à Jack Sparrow n’entre en production, Disney plancha logiquement sur l’adaptation d’un autre de ses manèges, en l’occurrence « Jungle Cruise » imaginé par Harper Goff et inauguré à Anaheim en 1955. Ironiquement, cette croisière scénique le long d’un fleuve exotique est elle-même inspirée d’un film, African Queen  de John Huston. Le projet de tirer un long-métrage de « Jungle Cruise » date de 2004, mais il faudra attendre 2018 pour que les choses se concrétisent. En tête d’affiche, on trouve ce bon vieux Dwayne Johnson (dont le look s’inspire de celui d’Humphrey Bogart dans African Queen histoire de boucler la boucle) et Emily Blunt (qui tint le premier rôle du Retour de Mary Poppins). La séquence qui présente le capitaine incarné par « The Rock », piètre guide touristique menant dans son embarcation bringuebalante des visiteurs guindés à travers un fleuve de la jungle brésilienne où foisonnent une faune et une flore inquiétantes, prend littéralement la tournure de l’attraction dont le film s’inspire. C’est d’ailleurs là que le titre apparaît à l’écran, à un quart d’heure du début du métrage. Pas de doute, nous sommes bien dans Jungle Cruise.

Le film prend place dans une somptueuse reconstitution du Londres de 1916. Au sein de la très conservatrice Royal Society, le scientifique MacGregor Houghton (Jack Whitehall) et sa sœur Lily (Emily Blunt) s’efforcent de convaincre leurs pairs de l’existence des « Larmes de la Lune », des pétales poussant sur un arbre aux vertus extraordinaire qui permettraient de révolutionner la médecine et d’aider l’effort de guerre britannique. Les Houghton demandent donc l’accès à une pointe de flèche qui serait la clé pour localiser l’arbre. Lorsque l’association rejette leur demande, estimant que l’arbre est un mythe et qu’une femme scientifique n’est pas qualifiée pour rejoindre leurs rangs, Lily vole la pointe de flèche. Elle évite de justesse le prince Joachim (Jesse Plemons), un aristocrate allemand qui veut lui aussi localiser l’arbre, et prend la fuite en Amérique du Sud avec son frère. Sur place, ils louent les services de Frank Wolff (Dwayne Johnson) pour les mener dans les terres hostiles où pousse ce fameux arbre. C’est le début d’une odyssée périlleuse semée de phénomènes surnaturels…

L’îvre de la jungle

Il n’est pas bien difficile de savoir où Jungle Cruise puise ses références cinématographiques. Dès l’intro mouvementée, au cours de laquelle Lily, chapeau d’aventurière sur le crâne, se livre à un parcours du combattant dans les archives de la vénérable société d’archéologie, l’esprit et la dynamique de la saga Indiana Jones et de La Momie de Stephen Sommers sont convoqués sans la moindre équivoque. Le compositeur James Newton Howard se laisse d’ailleurs plusieurs fois inspirer par les envolées épiques de John Williams. Plus tard, c’est bien sûr la franchise Pirates des Caraïbes qui nous vient à l’esprit, avec ces guerriers morts-vivants hybrides victimes d’une malédiction ancestrale. On pense aussi au Retour du Jedi (un village indigène très proche de celui des Ewoks) ou encore à Harry Potter (et ses serpents animés de mauvaises intentions). Bref, Jungle Cruise est un film-patchwork qui assume joyeusement ses influences avec une bonne humeur souvent communicative. Mais Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Esther) n’est visiblement pas à son aise pour mettre en scène les séquences d’action, alternant les plans agités trop serrés et les plans en plongée trop larges, là où des cadrages intermédiaires permettraient une meilleure lisibilité de ce qui se passe à l’écran. De fait, malgré leur caractère spectaculaire, les combats et les poursuites ne s’apprécient pas à leur juste valeur. On peut aussi regretter cette propension à utiliser systématiquement des images de synthèse pour montrer des animaux. Cette technique se justifie pour un affrontement entre une tarentule et un scorpion mais beaucoup moins pour les scènes mettant en vedette un guépard qui, malgré le talent des animateurs, manque singulièrement de véracité. Jungle Cruise est donc un divertissement sympathique mais anecdotique, conçu avec beaucoup de savoir-faire mais sans véritable vision.

 

© Gilles Penso


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