Chris Pratt part dans le futur pour tenter de sauver l’humanité décimée par une horde de créatures extra-terrestres…
THE TOMORROW WAR
2021 – USA
Réalisé par Chris McKay
Avec Chris Pratt, Yvonne Strahovski, Ryan Kiera Armstrong, J.K. Simmons, Betty Gilpin, Sam Richardson, Edwin Hodge, Jasmine Mathews, Keith Powers
THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS I EXTRA-TERRESTRES
Jusqu’alors, Chris McKay s’était principalement fait connaître dans le monde de l’animation. Réalisateur d’une quantité astronomique d’épisodes de Moral Orel, Titan Maximum et Robot Chicken, il co-dirigea La Grande aventure Lego et mit en scène en solo Lego Batman le film. Pour son passage aux prises de vues réelles, il se frotte à un blockbuster ultra-ambitieux bourré de séquences d’action et d’effets spéciaux. Baptisé provisoirement Ghostdraft (« le projet fantôme »), The Tomorrow War passe par de nombreux titres provisoires avant son appellation définitive qui insiste sans ambiguïté sur deux aspects clés du récit : la guerre et le futur. L’auteur du scénario est Zach Dean, à qui nous devons les thrillers Cold Blood et 24H Limit. Entre deux Gardiens de la galaxie et deux Jurassic World, Chris Pratt tient le premier rôle et occupe même pour la première fois le poste de producteur exécutif, ce qui lui permet de mettre un peu son grain de sel dans cette superproduction que Paramount Pictures devait distribuer en salles en décembre 2020. L’épidémie du Covid-19 bouleversa tous les plans, les droits de distribution ayant finalement été acquis par Amazon pour la modique somme de 200 millions de dollars (le budget complet du film). C’est donc sur la plateforme de streaming Prime Video que The Tomorrow War fut proposé aux spectateurs à partir de juillet 2021. Cette décision est peut-être viable financièrement, mais elle prive le film du grand écran qui semblait bien mieux adapté à ses ambitions spectaculaires qu’un visionnage sur téléviseur, ordinateur portable, tablette ou smartphone.
Nous sommes en décembre 2022. Dan Forester (Chris Pratt), professeur de biologie et ancien membre des forces spéciales, vient d’essuyer un nouveau refus pour un poste dans un prestigieux centre de recherche. Il se console auprès de sa famille et d’un groupe d’amis réunis autour de la diffusion de la finale de la coupe du monde, le soir du réveillon de Noël. Soudain, au milieu du match, un portail temporel s’ouvre et un bataillon de soldats venus du futur débarque sur le terrain pour mettre en garde l’humanité : dans trente ans, l’humanité sera entièrement décimée à cause d’une guerre perdue d’avance contre une race de créatures extra-terrestres redoutables ayant envahi les quatre coins du monde. En désespoir de cause, tous ceux qui sont en âge de se battre sont sollicités de force pour s’enrôler dans l’armée et partir dans le futur grossir les rangs des belligérants. Dan fait partie des conscrits et se retrouve projeté dans le monde de demain, sans imaginer à quel point la menace qui est en train d’éradiquer le monde sera difficile à vaincre…
Demain ne meurt jamais
Le moins qu’on puisse dire, c’est que The Tomorrow War est un long-métrage généreux, à défaut d’être subtil. Chris McKay ne nous trompe cependant jamais sur la marchandise. Laissant la satire politique antimilitariste à Paul Verhoeven, le réalisateur se concentre sur l’ampleur d’une épopée qui évoque finalement moins Starship Troopers qu’Edge of Tomorrow. Si ce n’est que les circonvolutions temporelles ne prennent pas ici la tournure d’une boucle mais d’une passerelle bâtie entre 2022 et 2051. Plutôt juste dans ses séquences intimistes, très habile dans ses moments de tension et de suspense, la mise en scène de McKay exprime surtout sa virtuosité dans les nombreux morceaux de bravoure consacrés aux combats contre les terribles « Whitespikes ». Ces monstres insectoïdes et tentaculaires, conçus par le designer Ken Bathelmey (la trilogie Le Labyrinthe, Bright, The Predator, Godzilla vs Kong) ne nous sont révélés qu’assez tardivement, pour laisser monter la tension et travailler l’imagination des spectateurs. Lorsqu’ils s’exhibent enfin dans toute leur splendeur, ils se déchaînent sans discontinuité au sein de scènes d’action particulièrement mouvementées : la poursuite dans la cage d’escalier, la fusillade dans la ville dévastée, la capture dans le puits (variante très énervée du prologue de Jurassic Park), la destruction de la plateforme pétrolière fortifiée ou encore le combat final dans le glacier. Bien sûr, le scénario prend l’eau de toutes parts si on l’examine à la loupe, quelques idées et une poignée de personnages sont oubliés en cours de route et la finesse n’est pas la qualité numéro un du film. Mais pour qui veut assister à une échauffourée musclée et explosive entre des militaires intrépides et des aliens agressifs pendant plus de deux heures de spectacle bouillonnant, le contrat est allègrement rempli.
© Gilles Penso
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