Cette relecture des aventures du héros sauvage d’Edgar Rice Burroughs a pour objectif principal la mise en valeur de la plastique de Bo Derek
TARZAN THE APE MAN
1981 – USA
Réalisé par John Derek
Avec Richard Harris, Bo Derek, John Philip Law, Miles O’Keefe, Akushula Selayah, Steve Strong, Maxime Philoe, Leonard Bailey
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE
Dès que le logo de la MGM apparaît et que le traditionnel rugissement du lion est remplacé par le cri de Tarzan, on se doute que cette nouvelle version de Tarzan ne va pas faire dans la finesse. Nous sommes en 1910. A la mort de sa mère, Jane Parker décide de retrouver son père en Afrique, où il s’apprête à partir en quête du fameux cimetière des éléphants. Sous les traits de Richard Harris, Parker est ici un explorateur fou, une espèce de variante caricaturale du Marlon Brando d’Apocalypse Now. Quand on le découvre pour la première fois, il dort sous une tente de fortune, un cabot ébouriffé dans les bras, une indigène alanguie à ses côtés. Puis il s’agite, hurle des jurons, chante pour calmer les éléphants, et surtout joue en roue libre sous la direction d’un John Derek visiblement occupé ailleurs. Car le cinéaste semble surtout intéressé par la mise en valeur des appâts généreux de sa compagne et comédienne principale. Et si Jane Parker lâche quelques répliques pseudo féministes en début de film (« je ne hais pas les hommes, mais je les envie, car j’estime avoir les mêmes droits qu’eux »), c’est pour mieux se prêter l’instant d’après au rôle de la femme-objet. Témoin cette scène d’une superbe gratuité où elle s’ébat totalement nue dans les vagues d’une mer intérieure, plus proche d’une couverture de Playboy que d’un roman d’Edgar Rice Burroughs.
Bientôt surgit sur la plage un lion menaçant, aux accents d’une partition empruntée aux Dents de la mer, avant que n’intervienne enfin Tarzan, autrement dit le débutant Miles O’Keefe, dont le visage d’adolescent affublé d’un bandeau de tennisman s’assortit bizarrement avec un corps de bodybuilder digne d’Arnold Schwarzenegger. La seconde scène de sauvetage, où l’homme-singe arrache Jane des anneaux visqueux d’un anaconda, est sabotée par une surabondance de ralentis et de fondus enchaînés à la fois hideux et interminables. Lorsque Tarzan, épuisé par son combat, s’écroule aux pieds de l’ingénue, celle-ci déclare, le regard coquin, « je n’ai jamais touché d’homme », puis laisse sa main se promener non loin de l’entrejambe de son sauveur ! « Je suis toujours vierge » répètera-t-elle plus tard en mangeant langoureusement une banane devant un Tarzan inexpressif qui finit par se montrer entreprenant et explore bientôt la poitrine de Jane d’une main fébrile.
Jane a la banane
Bo Derek finira le film topless, capturée par des indigènes, longuement savonnée et frictionnée par des autochtones attentionnées, puis enduite de peinture blanche ! Si O’Keefe ne prononce pas un seul mot (même ses cris sont empruntés à Johnny Weissmuller), il eut peut-être mieux valu que la blonde comédienne en fasse autant plutôt que déclamer des répliques tellement stupides qu’elles feraient presque passer celles de Jessica Lange dans King Kong pour du Shakespeare. Et que dire du pauvre John Philip Law, dans le rôle d’un Harry Holt parfaitement inutile ? Bref, à part sa tendance à émoustiller le spectateur mâle friand d’érotisme exotique, le Tarzan des époux Derek vaut surtout pour son humour involontaire, ce que confirme un générique de fin hors concours où Tarzan, Jane et Cheetah semble s’exercer pour une partie de jambes en l’air à trois !
© Gilles Penso
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