Un mixage italien entre Rosemary’s Baby et L’Exorciste où Satan choisit une femme pour qu’elle tombe enceinte du futur antéchrist…
CHI SEI ? / BEYOND THE DOOR
1975 – ITALIE / USA
Réalisé par Ovidio Assonitis
Avec Juliet Mills, Gabriele Lavia, Nino Segurini, Richard Johnson, Elizabeth Turner, Barbara Fiorini, Carla Mancini
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Producteur italien aguerri, Ovidio G. Assonitis fit ses débuts de metteur en scène avec Le Démon aux tripes, qui met bien en évidence les grandes lignes de sa politique artistique : le recyclage des grands succès du cinéma international. Ses deux films suivants, Laure et Tentacules, allaient confirmer ce « plan de carrière » en surfant respectivement sur la vague d’Emmanuelle et des Dents de la mer. Ici, c’est évidemment L’Exorciste qui sert de source d’inspiration majeure, même si le scénario prend d’étranges détours pour surprendre ses spectateurs. Le film commence donc avec la voix off de Satan en personne, lequel ricane plus que de raison en s’adressant à l’un de ses serviteurs, Dimitri, incarné par Richard Johnson (héros de La Maison du diable quinze ans plus tôt). Ce dernier a la lourde tâche de veiller sur Jessica (Juliet Mills), une femme que le diable convoite et qu’il a choisie pour porter son futur fils. Mais au cours de la messe noire qui constitue le prologue du film (elle est nue sur un autel lumineux entouré de bougies), la jeune femme s’échappe, avec l’aide de Dimitri qui en pince pour elle. Pour le punir, Satan précipite son disciple en voiture du haut d’une falaise, mais le temps suspens soudain son vol. Le diable décide finalement d’accorder à Dimitri un sursis pour retrouver Jessica et reprendre sa mission. Dix ans plus tard, celle-ci a tout oublié et est désormais mariée et mère de deux enfants. Mais soudain, la voilà enceinte alors que rien ne laissait présager une nouvelle grossesse. C’est évidemment l’antéchrist qui grandit en elle…
Toute la première partie du film s’éloigne ainsi du récit classique d’exorcisme popularisé par William Friedkin pour lorgner plutôt du côté de Rosemary’s Baby. Mais ce n’est que reculer pour mieux sauter. Car bientôt, tous les clichés d’usage se bousculent. Possédée par le petit démon dont elle est enceinte, Jessica est donc prise d’accès de violence, insulte son entourage avec une voix caverneuse, vomit des matières gluantes, projette les gens et les objets à distance, lévite au-dessus de son lit… Assonitis calque même la séquence de l’électro-encéphalogramme de L’Exorciste, le maquillage et les attitudes de Juliet Mills plagiant à outrance ceux de Linda Blair.
« Une force au-delà de la compréhension »
« Elle est la victime d’une force qui est au-delà de la compréhension » affirme Dimitri à Robert (Gabriele Lavia), l’époux de Jessica qui se laisse bientôt totalement dépasser par les événements. Le Démon aux tripes bénéficie d’une réalisation soignée qui n’est pas exempte d’idées originales ou insolites, comme le visage de Juliet Mills qui se transforme furtivement en celui de Richard Johnson le temps d’un fondu enchaîné déstabilisant, les jouets qui s’agitent seuls dans la chambre des enfants (une scène qui annonce Poltergeist avec sept ans d’avance), l’œil droit de la possédée qui tourne dans tous les sens tandis que le gauche reste immobile ou encore le « gag » final qui déborde d’humour noir. Mais le film ne convainc pas vraiment, entravé par un scénario un peu laborieux et une confusion totale liée aux motivations exactes de Satan et au rôle censé jouer son serviteur taciturne.
© Gilles Penso
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