Johnny Depp incarne un astronaute revenu changé d’une mission spatiale, ce qui trouble fortement son épouse interprétée par Charlize Theron
THE ASTRONAUT’S WIFE
1999 – USA
Réalisé par Rand Ravich
Avec Johnny Depp, Charlize Theron, Joe Morton, Clea DuVall, Nick Cassavetes, Donna Murphy, Samantha Eggar, Gary Grubbs
THEMA EXTRA-TERRESTRES
Pour son premier long-métrage, Rand Ravich est parvenu à réunir deux têtes d’affiche en pleine gloire ascendante : Johnny Depp (à peine échappé de Las Vegas Parano, Donnie Brasco et La Neuvième porte) et Charlize Theron (révélée dans L’Associé du diable, Celebrity et Mon ami Joe). Tous deux interprètent Spencer et Jillian Armacost, un jeune couple heureux qui vit à Washington. Jillian est institutrice et Spencer astronaute, son blouson, ses lunettes noires et sa désinvolture évoquant tour à tour le Tom Cruise de Top Gun et le Dennis Quaid de L’Etoffe des héros. Au cours d’une mission spatiale de routine, Spencer et son collègue Alex Streck sont frappés par une explosion d’origine inconnue. Pendant deux minutes, le contact entre leur navette et la NASA est brutalement interrompu. Les deux hommes rentrent sains et saufs sur Terre, et sont accueillis en héros par les États-Unis.
Mais peu après, Streck meurt dans d’étranges circonstances et son épouse se suicide quelques jours plus tard. Ébranlée par ce double trépas, Jillian accepte de suivre Spencer à New York, où celui-ci a accepté un poste d’ingénieur astronautique. Peu à peu, des détails insolites vont conduire la jeune femme vers un doute croissant : son mari semble avoir changé depuis son retour sur Terre. Sa personnalité, son comportement, son caractère. Tout porte à croire qu’il n’est plus le même. L’inquiétude de Jillian monte d’un cran lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte de son époux, et lorsqu’un ancien employé de la NASA tente d’entrer en contact avec elle pour lui faire d’étonnantes révélations… Plus l’intrigue progresse, plus il semble évident que nous sommes en présence d’une possession extra-terrestre insidieuse, de type « body snatcher ». À moins que tout ceci ne soit une affabulation due à la paranoïa de la jeune héroïne.
Sous l’influence de Polanski
Ce parti pris narratif évoque bien plus Rosemary’s Baby que L’Invasion des profanateurs de sépultures auquel le récit pourrait à priori faire penser. Et les points communs entre le film de Randy Ravich et celui de Roman Polanski sont légion : la sauvagerie avec laquelle l’époux fait l’amour avec sa femme à peine consentante, le doute entretenu sur la nature humaine du fœtus, la disparition mystérieuse du témoin prêt à divulguer des informations cruciales… Même la coupe de cheveux de Charlize Theron ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Mia Farrow. Hélas, nous sommes ici à mille lieues du diabolique chef d’œuvre de Polanski, malgré l’indéniable savoir-faire de Ravich, dont la mise en scène virtuose pare certaines séquences d’un caractère fort angoissant. C’est ici le scénario qui est en cause, incapable de se développer correctement malgré un point de départ pour le moins intriguant. L’intrigue s’essouffle donc progressivement et l’intérêt se relâche, d’autant que le dénouement déçoit par son manque de réalisme et de crédibilité. Les comédiens eux-mêmes assurent le service minimum, Charlize Theron s’efforçant de réitérer sa performance dans L’Associé du diable et Johnny Depp jouant sans panache un antagoniste moyennement crédible. Intrusion passa donc inaperçu et sombra peu à peu dans l’oubli malgré son casting prestigieux.
© Gilles Penso
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