HARD CANDY (2006)

Pour son premier long-métrage, David Slade entraîne Ellen Page et Patrick Wilson dans une vénéneuse descente aux enfers…

HARD CANDY

 

2006 – USA

 

Réalisé par David Slade

 

Avec Ellen Page, Patrick Wilson, Sandra Oh, Gilbert John, Odessa Rae, Cori Bright, Erin Kraft

 

THEMA ENFANTS

En l’espace de quelques films marquants (le classique Misery, le controversé La Jeune fille et la mort ou le peu connu Ça peut vous arriver demain), le motif de l’homme captif d’une geôlière féminine s’étant octroyé le rôle de juge et de bourreau s’est quasiment imposé comme un sous-genre du cinéma, à mi-chemin entre le thriller, le drame psychologique et l’horreur. Hard Candy s’inscrit de plain-pied dans cette lignée et fut inspiré à son producteur David Higgins par une série de faits divers survenus au Japon. Plusieurs jeunes filles y donnaient rendez-vous à des hommes plus âgés qu’elles, après avoir lié connaissance sur Internet, et leur tendaient un traquenard pour les agresser avec un groupe d’amis à elles. Resserrant l’intrigue sur une seule adolescente et localisant l’action aux États-Unis, Higgins décide de confier le film à deux hommes faisant là leurs premiers pas sur le grand écran : le scénariste Brian Nelson (auteur de plusieurs épisodes de Loïs et Clark) et le réalisateur David Slade (spécialiste jusqu’alors des spots de pub et des vidéoclips).

Lorsque Hard Candy commence, Hayley, une gamine de 14 ans, et Jeff, un photographe trentenaire, se retrouvent dans un café après avoir entamé une relation sur le Web. Un petit jeu de séduction s’entame aussitôt, et Hayley finit par suggérer de poursuivre leur rencontre chez lui, loin des regards curieux. La simplicité de l’argument de départ, la justesse des comédiens et la sobriété de la mise en scène emportent immédiatement l’adhésion. En quelques minutes, un climat malsain s’installe ainsi de manière feutrée, presque polie. La symbolique du petit chaperon rouge se jetant sans méfiance dans la gueule du grand méchant loup est pleinement assumée par une affiche métaphorique et par le survêtement à capuche écarlate qu’endosse Hayley, mais bien vite Charles Perrault et les frères Grimm cèdent le pas à une réalité brute et sans concession qui ne fait qu’accroître le malaise.

Dans la gueule du loup

Alors que l’adulte et l’adolescente s’enivrent quelque peu, jouent au photographe et au mannequin, et que la situation est sur le point de déraper, Jeff sombre soudain dans l’inconscience. Lorsqu’il revient à lui, ligoté, il comprend qu’il a été drogué. Hayley troque la naïveté ingénue contre une froideur clinique. Elle est persuadée de ne pas être la première adolescente à tomber entre les griffes de Jeff après une rencontre sur Internet, et l’accuse d’avoir violé et assassiné la jeune Donna Mauer, disparue sans laisser de trace. Le photographe, abasourdi, nie en bloc et demande à être libéré sur le champ. Mais Hayley a d’autres projets. Une encyclopédie médicale dans une main, un bistouri dans l’autre, elle souhaite castrer Jeff pour qu’il cesse définitivement de représenter une menace. Et rien ne semble pouvoir lui faire changer d’avis. Tandis que la tension monte inexorablement et que l’angoisse va crescendo, le manichéisme se trouble peu à peu. Jeff est-il vraiment un pédophile ? Hayley est-elle une psychopathe ? Le bien et le mal sont-ils clairement identifiables ? Évidemment, aucune réponse définitive ne sera donnée au spectateur, laissé seul juge de ce procès hors du commun s’achevant d’une manière particulièrement éprouvante.

 

© Gilles Penso

 

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