LES FEMMES PRÉHISTORIQUES (1967)

Un jeune explorateur se retrouve dans une jungle africaine peuplée de jolies femmes des cavernes que dirige une cruelle souveraine…

SLAVE GIRLS / PREHISTORIC WOMEN

 

1967 – GB

 

Réalisé par Michael Carreras

 

Avec Martine Beswick, Edina Ronay, Michael Latimer, Stephanie Randall, Carol White, Alexandra Stevenson, Yvonne Horner

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Un an après Un million d’années avant JC, Martine Beswick, qui y affrontait l’ingénue Raquel Welch, devient tête d’affiche à part entière, endossant le rôle d’une autre femme préhistorique dans ce remake d’un film homonyme des années 50 dont elle constitue, il faut bien l’avouer, le seul véritable intérêt. Œuvre de Michael Carreras, patron du studio Hammer qui produisit et réalisa le film lui-même, le scénario des Femmes préhistoriques, d’une absurdité et d’une platitude à toute épreuve, a bien du mal à captiver l’attention. Sans raison aucune, si ce n’est après avoir touché la corne d’une statue de rhinocéros, le jeune explorateur David Marchant (Michael Latimer) bascule, comme à travers une faille spatio-temporelle, dans une jungle africaine peuplée de femmes brunes, dirigées par la cruelle reine Kari (un rôle qui sied à merveille à la belle Martine). Ces dernières réduisent en esclavage leurs congénères blondes, ainsi qu’une poignée d’hommes préhistoriques hideux, et adorent un dieu rhinocéros dont la grande corne est un symbole phallique à peine camouflé. S’éprenant d’une jeune esclave nommée Saria (Edina Ronay), Marchant prend le parti des opprimés et la tête de la révolte.

Au mépris de toute logique, tout le monde – indigènes africains, Amazones, hommes des cavernes – parle dans ce film un anglais impeccable, ce qui règle bien des problèmes de communication. Quelques trucages optiques abominables (notamment le matte-painting de la montagne en forme de rhinocéros et l’éclipse) donnent le ton dès les prémices. Puis l’histoire se contente de décrire les misères du peuple asservi jusqu’à l’incontournable rébellion. Heureusement, Martine Beswick est là, illuminant chacun des plans où elle paraît d’une aura envoûtante dont rien ne semble pouvoir rompre le charme. Le film a au moins le mérite de lui offrir un rôle à sa mesure. D’ailleurs, à l’exception de la plastique impeccable de ses comédiennes à peine vêtues d’affriolants bikinis en peau de bête, on voit mal où réside l’intérêt d’une telle entreprise. D’autant que contrairement à Un million d’années avant JC, aucun monstre antédiluvien digne de ce nom ne vient égayer le récit.

Un film féministe ?

L’un des moments mémorables des Femmes préhistoriques est la danse érotique de Kari autour de son esclave (elle cherche visiblement à s’accoupler avec lui, et n’importe qui craquerait en quelques secondes, mais le bougre résiste !). Les nombreuses autres chorégraphies du film, qui s’imposent à l’écran presque tous les quarts d’heure, semblent surtout faire office de remplissage pour obstruer tant bien que mal les lacunes d’un scénario anémique. Sans parler de cette cérémonie de mariage où courbettes et révérences n’en finissent plus, se prolongeant jusqu’au bâillement inévitable de tout spectateur normalement constitué. Parmi les moments d’humour involontaire les plus délectables, on retiendra cette scène où Kari s’enveloppe dignement dans son manteau de fourrure alors qu’elle est encore recouverte de mousse après son bain. La comédienne n’était visiblement pas dupe du haut potentiel d’humour involontaire dégagé par le film. « Michael Carreras était un cinéaste adorable », raconte-t-elle. « Je me suis immédiatement entendu avec lui, et je ne compte plus le nombre d’éclats de rire que nous avons eu pendant le tournage des Femmes préhistoriques. Ce film était grotesque, mais les dialogues que Michael Carreras m’avait écrits faisaient mouche, notamment lorsque mon personnage s’offusquait qu’on puisse la considérer incapable d’effectuer des tâches “d’homme“. Lorsque le personnage masculin tente de régner à ses côtés, elle se ressaisit et lui dit : “Tu vois, tu veux déjà m’imposer ta volonté. Tu veux me dominer. Je serais folle de laisser n’importe quel homme agir de la sorte“. C’était très féministe, quand on y pense. » (1) Le dénouement du film, joliment naïf, est une fausse surprise que la plupart des spectateurs auront anticipée depuis longtemps. Un bien étrange film, en vérité.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2019

 

© Gilles Penso

 

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