FEAR STREET PARTIE 3 : 1666 (2021)

L’ultime volet de la trilogie horrifique inspirée des romans de R.L. Stine revient aux sources de la malédiction qui frappe les habitants de Shadyside

FEAR STREET PART THREE : 1666

 

2021 – USA

 

Réalisé par Leigh Janiak

 

Avec Kiana Madeira, Elizabeth Scopel, Ashley Zukerman, Ted Sutherland, Gillian Jacobs, Sadie Sink, Olivia Scott Welch, Benjamin Flores Jr., Darrell Britt-Gibson

 

THEMA TUEURS I SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA FEAR STREET

La trilogie Fear Street gagne en qualité d’épisode en épisode, effaçant peu à peu les scories des opus précédents pour mieux se concentrer sur son intrigue et ses enjeux dramatiques. Ainsi, après une première partie digérant un peu maladroitement l’influence de Scream et un opus central rendant hommage à sa manière à Vendredi 13, ce troisième volet change de cap en nous plongeant en 1666, afin de révéler les origines du mal qui frappe la population de Shadyside. Nous y découvrons Union, une petite colonie rurale établie au bord d’un lac pour y prospérer modestement. La première originalité du film est son principe inattendu de redistribution des rôles. Tous les personnages clés des deux épisodes précédents existent ainsi dans cette version 17ème siècle. Mais si les visages nous sont familiers, le prologue nous fait comprendre grâce à un furtif effet de reflet que ce n’est qu’une apparence, ces paysans d’antan n’ayant pas réellement l’enveloppe corporelle que les spectateurs voient. Il nous semble plutôt assister à un phénomène de vie antérieure ou de réincarnation. D’ailleurs, les liens construits successivement en 1978 et 1995 s’esquissent déjà en 1666 : les amitiés, les rivalités, les amours…

L’autre idée forte de cette troisième partie est d’utiliser l’homosexualité de ses deux personnages principaux non comme simple prétexte – ce qui semblait être le cas dans le premier Fear Street – mais comme moteur dramatique principal. Cette liaison jugée contre-nature entre deux jeunes filles suscite fatalement l’inquiétude, la colère et la terreur en ces temps où la bigoterie s’installe volontiers dans le quotidien. La mise en parallèle entre l’intolérance d’antan et l’homophobie moderne s’avère fascinante. D’autant que juste après que les deux amies aient cédé à leurs pulsions un soir de pleine lune, une malédiction insidieuse s’abat sur la petite colonie. Les fruits pourrissent, les truies mangent leurs petits, les chevaux deviennent fous, les puits se bouchent, le pasteur semble possédé. Il ne faut pas longtemps pour chercher l’origine du mal dans l’acte déviant de ces deux « pécheresses ». La suite ne se fait pas attendre : les parents culpabilisent, les villageois s’affolent et une chasse aux sorcières s’organise.

La chasse aux sorcières

Il est donc question ici des dérives du fanatisme religieux qui, par aveuglement, mène à la haine et finit par provoquer ce contre quoi il voudrait lutter. « Je n’ai pas peur du diable, j’ai peur du voisin qui m’accuse » dira Sarah Fier, qu’on considère à tort comme une sorcière. Constellé de scènes angoissantes – avec comme point culminant le massacre de la chapelle -, ce grand flash-back offre aussi la possibilité à la réalisatrice Leigh Janiak d’apposer sur ce récit un vrai point de vue féminin. C’est en effet à travers les yeux de son héroïne que nous découvrons cette société patriarcale paisible qui bascule du jour au lendemain dans l’extrémisme en pointant vers elle ses doigts accusateurs. Conformément à la règle établie depuis le premier épisode, le compositeur Marco Beltrami s’adjoint les services d’un second musicien pour écrire à quatre main la bande originale. Après Marcus Trumpp pour la première partie et Brandon Roberts pour la seconde, place donc à Anna Drubich (Scary Stories). C’est donc nimbée d’une très belle partition classique, désencombrée de la traditionnelle playlist « cool », que se développe cette « origin story » fascinante dans la mesure où elle permet à toutes les pièces du puzzle de s’assembler et nous offre un ultime épilogue reprenant les événements de 1994 là où ils s’étaient interrompus pour clore enfin chacune des sous-intrigues en suspens…

 

© Gilles Penso

 

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