BORROWER, LE VOLEUR DE TÊTES (1991)

Un extra-terrestre banni de sa planète est contraint de se réfugier sur Terre sous une forme humaine en changeant régulièrement de tête…

THE BORROWER

 

1991 – USA

 

Réalisé par John McNaughton

 

Avec Rae Dawn Chong, Don Gordon, Tom Towles, Antonio Fargas, Neil Giuntoli, Larry Pennell, Pam Gordon

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Après le psycho-killer glacial et hyperréaliste Henry, Portrait d’un Serial Killer, John McNaughton plonge de plain-pied dans la science-fiction pure matinée d’horreur et d’humour noir, avec un postulat qui repose grosso-modo sur le même principe que Hidden. Banni de sa planète, un extra-terrestre est obligé de purger une peine sur Terre sous une forme humaine au métabolisme capricieux. Il est en effet contraint de changer régulièrement de tête, car celles-ci, comme des greffes ratées, finissent toutes invariablement par exploser douloureusement. « Votre ingénuité vous aidera à survivre » lui déclarent sévèrement les instances supérieures. Notre exilé commence par « emprunter » la tête d’un braconnier, passe à celle d’un clochard puis d’un médecin. Fatalement, l’alien accumule sur sa route les cadavres décapités dont il en profite pour manger les entrailles. Diana Pierce, une femme flic, est chargée de l’enquête.

La différence majeure entre le principe d’Hidden et celui de Borrower provient des décapitations successives nécessaires à la survie de cet improbable criminel d’outre-espace. D’où un certain nombre de scènes gores joliment mises en scène, avec notamment des transformations surprenantes à base de bladders. Avec ce visiteur d’un autre monde aux allures d’insecte géant qui se retrouve condamné à voler les têtes des humains ou cet OVNI qui traverse le ciel nocturne en rase-campagne, autant dire que le réalisateur s’écarte beaucoup de l’ambiance intimiste de son premier film. Pourtant, certaines scènes étonnent quelque peu par leur réalisme froid, en rupture avec le postulat résolument fantaisiste. Il s’agit en particulier de la captation des bas quartiers de la ville, filmés souvent en pleine rue avec des passants devenus figurants malgré eux, ainsi que l’adoption du point de vue des sans-abris, des ivrognes et des miséreux, des personnages rarement mis en avant dans ce genre de récit.

Tête à tête

On note au passage la prestation hallucinante d’Antonio Fargas (« Huggy les bons tuyaux » chez Starsky et Hutch), un clochard devenu à son tour victime de l’alien. L’intrigue prend vite des allures policières, les déambulations du voleur de tête étant narrées parallèlement à l’enquête d’un duo de policiers sur les meurtres et les décapitations en série. Ce duo est interprété avec beaucoup de conviction par Rae Dawn Chong et Don Gordon. Dans l’une de ses ultimes métamorphoses, l’E.T. se mue carrément en homme à tête de chien (nous avions eu droit au contraire dans L’Invasion des profanateurs). Les méfaits d’un tueur en série humain sont greffés à l’intrigue, mais il ne s’agit en fait que d’un prétexte scénaristique pour offrir aux spectateurs un petit rebondissement final assez incongru. Victime de nombreux problèmes de production et d’un manque cruel de financement, The Borrower faillit s’interrompre plus d’une fois, et ne fut finalement exploité que trois ans après les premiers tours de manivelle. John McNaughton accèdera ensuite à des budgets plus décents, notamment via des films tels que Mad Dog and Glory ou Sexcrimes, puis se spécialisera dans la série TV policière (Homicide, Lansky, FBI porté disparu).

 

© Gilles Penso


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