Le vengeur toxique de Troma revient lutter contre le mal et part chercher ses origines en plein Japon…
TOXIC AVENGER PART II
1989 – USA
Réalisé par Michael Herz et Lloyd Kaufman
Avec Ron Fazio, John Altamura, Phoebe Legere, Rick Collins, Rikiya Yasuoka, Tsutomu Sekine, Mayako Katsuragi
THEMA SUPER-HÉROS I MUTATIONS I SAGA TOXIC AVENGER
C’est pendant la promotion du premier Toxic à Tokyo que naît dans l’esprit de Lloyd Kaufman l’envie d’une séquelle majoritairement située au pays du soleil levant. « L’idée que Troma, la plus petite compagnie de production du monde ou presque, se retrouve au Japon, qui était à l’époque le pays le plus riche de la planète, ne manquait pas d’ironie », nous avoue-t-il (1). Gentiment satirique, le prologue nous offre la vision caricaturale d’une ville américaine idéale où les citoyens dansent dans la rue, fabriquent du jus d’orange, font du vélo et baignent dans la jovialité. Le crime ayant été éradiqué, notre vengeur toxique accepte un travail de concierge dans un centre pour aveugles. Mais c’est le calme avant la tempête. Car la sinistre multinationale Apocalypse Inc. menace de prendre le contrôle de Tromaville pour lui redonner son statut de ville la plus polluée du monde. Au cours de la réunion d’une impressionnante bande de malfrats dans une vaste demeure qui ressemble à celle d’Al Pacino dans Scarface (avec parmi les gangsters un homme aux allures de Robert de Niro dans Angel Heart), nous avons droit à une improbable explication scientifique : ce sont des particules biochimiques nommées Tromatons, présentes dans le corps de Toxie, qui le poussent à détruire le mal. Pour se débarrasser de ces particules (et donc de leur ennemi juré), le PDG d’Apocalypse Inc. mobilise les plus grands spécialistes de la section japonaise. « Tout le monde sait que si vous voulez quelque chose qui fonctionne, vous achetez un produit japonais » commente l’une des vilaines.
Victime d’une grave dépression à cause du manque de méchants à affronter, Toxie apprend que son père Phinneas T. Junko, alias Big Mac, vit au Japon. Il traverse donc l’océan sur une planche à voile, serpillère à la main, et débarque sur une plage nippone « à la manière de Godzilla », c’est-à-dire en terrorisant les Tokyoïtes. Prenant la relève de Mark Torgl, Ron Fazio endosse le costume du monstre dans ce second opus. Le maquillage ayant évolué, la physionomie de Toxie n’est plus tout à fait la même, avec notamment un œil gauche pendouillant plus mobile que dans le premier film. La petite amie du héros aussi a changé de visage. « Andree Maranda, qui jouait Sara dans le premier Toxic Avenger, a disparu de la circulation après le film », explique Lloyd Kaufman. « Nous avons perdu son contact et nous n’avons pas pu l’engager pour la séquelle. Un soir, dans un night-club, j’ai découvert la comédienne et chanteuse Phoebe Légère. Je me suis dit qu’elle s’intègrerait parfaitement à l’univers des films Troma. Elle n’avait pas d’expérience dans le cinéma, mais ça m’importait peu. Nous lui avons fait passer une audition et elle était parfaite. » (2) C’est effectivement une très bonne pioche, Phoebe Légère s’avérant bien plus pétillante et drôle que sa devancière.
Moins de gore, plus de gags
Bien sûr, la subtilité n’a pas fleuri depuis l’épisode précédent et la mise en scène reste très maladroite (assurément, Michael Hertz et Lloyd Kaufman sont meilleurs commerçants que réalisateurs). Pour autant, ce second Toxic Avenger se regarde avec entrain, en grande partie grâce à ses penchants burlesques pleinement assumés. L’humour omniprésent se partage entre les gags absurdes à la ZAZ (le nombre incalculable de méchants qui s’extraient d’une Limousine apparemment aussi grande que le sac de Mary Poppins), les gags scatos (Toxie déclenche des éclairs électriques lorsqu’il est aux toilettes) et les clins d’œil référentiels (le cinéma qui projette Apocalypse Now). Victime de son succès, le vengeur toxique est devenu depuis le premier film héros de bandes dessinées et de dessins animés, ce qui entraîne l’atténuation des effets gore par rapport au premier volet. « C’est l’une des raisons », avoue Kaufman. « L’autre est liée à l’accord que nous avons signé avec Warner Bros qui s’est occupé de la distribution du film en vidéo. Pour que cet accord soit accepté, il nous fallait une classification R au moment de la sortie au cinéma, autrement dit une autorisation aux mineurs accompagnés d’un adulte. Nous avons dû nous réfréner sur le sexe et l’horreur pour éviter l’interdiction aux moins de 18 ans. » (3) Le sort réservé aux malfrats qui se heurtent au héros radioactif relève donc plus du cartoon à la Tex Avery que du film d’horreur (l’un est coupé en morceaux par la machette d’un cuisinier, l’autre transformé en ballon de basket humain, un troisième a son nez réduit à l’état de friture en forme de poisson, un autre encore est plongé dans un jacuzzi bouillonnant devenu marmite pleine de légumes…). Face au premier montage du film – qui dure quatre heures – Herz et Kaufman prennent la sage décision de le couper en deux pour alimenter un troisième épisode post-produit dans la foulée.
(1), (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2018
© Gilles Penso
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