SUPERMAN 4 (1987)

Cannon Films récupère la franchise du plus célèbre des super-héros et plonge Christopher Reeve dans une aventure parfaitement improbable…

SUPERMAN 4 : THE QUEST FOR PEACE

 

1987 – USA

 

Réalisé par Sidney J. Furie

 

Avec Christopher Reeve, Gene Hackman, Mark Pillow, Jackie Cooper, Marc McClure, Mariel Hemingway, Margot Kidder

 

THEMA SUPER-HÉROS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA DC COMICS I SUPERMAN

Dans la foulée de Superman 3, les frères Alexandra et Ilya Salkind confient à Jeannot Szwarc la réalisation d’un très anecdotique Supergirl, qui sort en 1984 et ne rameute guère les foules. Persuadés d’avoir exploité le héros et ses personnages dérivés au maximum de leurs possibilités, les producteurs en cèdent les droits à Menahem Golan et Yoram Globus, dont la société de production Cannon s’est alors spécialisée dans les films d’action musclés avec des têtes d’affiches telles que Chuck Norris ou Lou Ferrigno. Golan et Globus, heureux de pouvoir récupérer la franchise, persuadent Christopher Reeve de réendosser la cape de Kal-El (en échange d’un droit de regard sur le scénario) et Gene Hackman de revenir jouer le maléfique Lex Luthor (en contrepartie d’un chèque généreux). Sur leur lancée, ils proposent successivement la réalisation de Superman 4 aux deux Richard (Donner et Lester) mais aucun des deux n’est intéressé. Même Wes Craven est un temps sollicité, même si son incursion précédente dans l’univers des comic books (La Créature du marais) n’était pas particulièrement concluante. C’est finalement Sidney J. Furie, signataire de l’excellent thriller surnaturel L’Emprise, qui occupe le siège du réalisateur.

Inspiré d’une idée que Christopher Reeve élabora lui-même, le scénario surfe sur les craintes générées par la Guerre Froide et par la course à l’armement nucléaire. L’idée se défend, mais la naïveté de sa mise en application lui ôte toute pertinence. Qu’on en juge : Superman reçoit un jour la lettre d’un écolier qui lui demande d’intervenir contre la menace atomique. Touché, le super-héros réunit alors toutes les armes nucléaires de la planète et les jette dans le soleil pour les détruire ! Mais Lex Luthor, qui vient de s’évader de prison, se débrouille pour que l’une des armes expulsées par Superman contienne de l’ADN du super-héros (récupéré sur une de ses mèches de cheveux exposées dans un musée). La réaction ne tarde pas à se manifester sous forme d’un Homme Nucléaire qui menace le monde tout entier !

Plus dure sera la chute…

Avec un script aussi puéril, ce quatrième opus court évidemment à la catastrophe, malgré la volonté manifeste d’évacuer tout l’humour parodique du troisième épisode pour mieux se recentrer sur le concept initial. Comme en outre les effets spéciaux s’avèrent souvent abominables (à cause d’un budget initialement chiffré à 36 millions de dollars et brusquement réévalué à 17 millions en cours de tournage), le film ne convainc personne et s’avère être un échec cuisant. Les coupes budgétaires entraînent des raccourcis à tous les niveaux de la production : décors au rabais, séquences abandonnées, et l’emploi d’un comédien inconnu (au look invraisemblable) dans le rôle de l’homme nucléaire. La logique aurait voulu que Christopher Reeve l’incarne aussi, dans la mesure où il s’agit d’une sorte de jumeau maléfique. Mais Golan et Globus oublient cette idée, moins par crainte de l’effet de déjà vu avec Superman 3 que de peur que l’acteur star ne réclame un cachet trop élevé ! C’est donc un échec sur toute la ligne. Un Clark Kent adolescent poursuivra ses aventures sur le petit écran dans la série Superboy, entre 1988 et 1990, et le héros figurera dans de nombreuses séries animées, mais le cinéma lui fermera longtemps ses portes. Ce ne sont pourtant pas les projets qui manquent pendant les deux décennies qui suivent. Entre le Superman 5 d’Albert Pyun, le Superman Reborn de Kevin Smith et le Superman Lives de Tim Burton (avec un Nicolas Cage euphorique à la perspective d’incarner le rôle-titre), « l’homme d’acier » jouera ainsi l’Arlésienne pendant vingt ans sans jamais crever l’écran, jusqu’à ce que Bryan Singer ne parvienne enfin à mettre fin à cet interminable jeu des chaises musicales avec Superman Returns en 2006.

 

© Gilles Penso


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