PREHYSTERIA (1993)

Le jeune protagoniste de Last Action Hero rencontre une demi-douzaine de dinosaures miniatures dans cette production Charles Band

PREHYSTERIA !

 

1993 – USA

 

Réalisé par Charles et Albert Band

 

Avec Austin O’Brien, Brett Cullen, Colleen Morris, Samantha Mills, Tony Longo, Stuart Fratkin, Stephen Lee, Tom Williams

 

THEMA DINOSAURES I SAGA CHARLES BAND I PREHYSTERIA

Alors que Roger Corman avait exploité le filon Jurassic Park sous un jour sanglant et futuriste via son opportuniste et dispensable Carnosaur, Charles Band, lui, a choisi un style familial, presque disneyen. C’est l’occasion pour lui d’inaugurer Moonbeam Entertainment, une société sœur de sa compagnie de production Full Moon consacrée aux films pour enfants. Nous aurions largement tendance à préférer cette variation sur la vogue des dinosaures, cultivant l’originalité et la comédie là où Carnosaur jouait tranquillement la carte du déjà-vu. Assez curieusement, ce Prehysteria inspiré d’une idée du graphiste Peter Von Sholly serait même presque plus spielbergien que Jurassic Park lui-même, avec son prologue calqué sur celui des Aventuriers de l’arche perdue et ses créatures que les enfants cachent aux adultes comme ceux de E.T. Charles Band étant un très grand fan de Spielberg, ceci explique cela. Malin, le producteur/réalisateur sait que Jurassic Park va provoquer une “dinomania” mais que les plus jeunes spectateurs ne pourront pas aller le voir à cause de sa violence. Prehysteria a donc de bonnes chances de les attirer dans les rayons des vidéoclubs. C’est la première fois que Charles Band co-réalise un film avec son père Albert Band. Mais leurs plannings respectifs les obligent à se passer le relais pendant le tournage sans jamais travailler simultanément. « C’était devenu une blague sur le plateau », se souvient le producteur. « Chaque matin, les acteurs se demandaient lequel des deux Band serait leur metteur en scène. » (1)

Ici, sous un prétexte très évasif, les dinosaures sont lilliputiens. L’archéologue Rico Sarno (Stephen Lee) les découvre d’abord sous forme de cinq œufs, dans une caverne inexplorée depuis l’aube de l’humanité. Par hasard, il perd sa fabuleuse cargaison qui échoue dans la ferme de Frank Taylor (Brett Cullen), père de Jerry (Austin O’Brien, partenaire d’Arnold Schwarzenneger dans Last Action Hero) et Monica (Samantha Mills). C’est là que les ennuis commencent. Le chien de la famille Taylor couve les œufs qui ne tardent pas à libérer des mini-dinosaures. Immédiatement adoptés par la progéniture du fermier, les cinq sauriens se voient affublés de noms de rock stars liés à leur physique (une idée drôle et finalement assez plausible de la part de deux enfants imaginatifs). Le T-Rex est donc baptisé Elvis (parce que c’est le « king » des dinosaures), le stégosaure Jagger (à cause de son bec rouge qui évoque la bouche du leader des Rolling Stones), le brachiosaure Paula (pour son regard charmant), le chasmosaure Hammer (son museau a des allures de bouc) et le ptéranodon Madonna (parce qu’il possède une crête décolorée). Ces créatures miniatures sèment une joyeuse zizanie dans la maison, jusqu’au jour où Rico Sarno et ses hommes surviennent pour les récupérer…

Chérie, j'ai rétréci les dinos !

Animés tour à tour en stop-motion ou mécaniquement par le talentueux David Allen et son assistant Chris Endicott, ces cinq sauriens miniatures sont crédibles et dotés de fortes personnalités – en particulier le tyrannosaure et le ptéranodon. « J’aurais préféré faire plus appel à l’animation sur ce film », avouait Allen quelques années plus tard, « mais Charles Band n’a mis à notre disposition que huit semaines pour la post-production complète du film. Les marionnettes nous ont donc permis de gagner du temps. » (2) Quand on sait que Ray Harryhausen passait en moyenne une année à animer les monstres de chacun de ses films, on comprend mieux les contraintes de temps évoquées par David Allen. Au-delà de ses effets spéciaux inventifs, Prehysteria présente l’avantage de mettre l’accent sur ses personnages humains et leurs caractères, au sein d’une famille un peu dysfonctionnelle : le père maîtrise moyennement son autorité parentale et le fils est partagé entre la complicité paternelle et celle de sa sœur. Comme en outre la mise en scène de Charles et Albert Band est tout à fait à la hauteur, Prehysteria demeure un divertissement fort réussi, qui sortira en France en VHS sous le titre Dinosaures Story et donnera naissance à deux séquelles tout à fait anecdotiques conçues elles aussi pour le marché de la vidéo.


(1) Extrait de l’autobiographie de Charles Band « Confessions of a Puppet Master » (2022)

(2) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso


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