Des savants aux intentions indéfinissables utilisent de l’ADN fossilisé pour créer non pas un dinosaure mais un tigre à dents de sabre…
SABRETOOTH
2002 – USA
Réalisé par James D.R. Hickox
Avec David Keith, Vanessa Angel, Josh Holloway, John Rhys-Davis, Jenna Gering, Lahmard J. Tate, Nicole Tubiola
THEMA MAMMIFÈRES
Même les enfants de cinq ans savent que les tigres à dents de sabre vécurent longtemps après les dinosaures, donc pas du tout pendant la période jurassique, ce qui ne semble pas avoir gêné outre-mesure les distributeurs français de Sabretooth, osant l’improbable titre Jurassic Tiger lors de ses diffusions télévisées, dans une tentative désespérée de surfer tardivement sur la vogue Jurassic Park, avant de se rabattre vers un plus raisonnable Prehistoric Tiger pour l’exploitation vidéo. L’idée de donner la vedette à un de ces fauves préhistoriques monstrueux aux canines démesurées était plutôt intéressante, dans la mesure où les smilodons et les machairodus (petits noms dont les ont dotés les paléontologues) n’avaient jusqu’à présent été que seconds rôles dans une poignée de films tels que Sinbad et l’œil du tigre ou La Guerre du feu. Pour justifier la présence d’un tel fauve dans un contexte moderne, les scénaristes ne sont pas allés chercher bien loin. Des scientifiques utilisent en effet de l’ADN fossilisé afin d’en recréer un en chair et en os. Merci Michael Crichton !
Transporté dans un camion sur une route de montagne, l’animal s’échappe après un accident et s’en va gambader gaiement à travers les bois. Son futur festin est tout désigné. Il s’agit d’un groupe d’apprentis guides de montagne qui font une randonnée censée les former, sous la direction d’une athlétique monitrice. Les hommes sont machos ou idiots, les filles sont belles et stupides, bref les méninges des spectateurs sont charitablement ménagées. D’ailleurs, la bêtise semble être le point commun de la majeure partie des protagonistes de ce monster movie, que ce soient les premières victimes (un couple improbable qui vit dans une maison de campagne aux alentours), les responsables de l’expérience (menés par un John Rhys-Davies qui cachetonne en cabotinant pathétiquement), ou le chasseur dur à cuire embauché par les scientifiques pour capturer la bête au plus tôt. Seul Josh Holloway (futur interprète de Sawyer dans la série Lost) tire un peu son épingle du jeu dans le rôle d’un randonneur un peu moins niais que ses congénères.
« Ses dents sont comme des machettes… »
Reste le monstre. « Ses dents sont comme des machettes, elles pourraient couper un homme en deux » nous annonce une zoologiste avant de finir sous forme de gigot. Tête animatronique assez efficaces pour les gros plans, images de synthèse furtives pour les plans larges, le smilodon fait son petit effet, la mauvaise qualité des incrustations de la bête en 3D étant rattrapée par un montage nerveux et dynamique. Malheureusement, aucune péripétie du film ne s’avère assez palpitante pour générer le moindre suspense digne de ce nom, et Prehistoric Tiger s’achève sur un climax franchement ridicule. A la tête de ce téléfilm modérément convaincant se trouve James D.R. Hickox, qui réalisa la même année Blood Surf, preuve de son intérêt pour les bestiaux antédiluviens puisque ce dernier donnait la vedette à un crocodile géant préhistorique. Pour rentabiliser le travail des infographistes et des créateurs de la tête animatronique, une séquelle de Prehistoric Tiger fut réalisée en 2005 par George Miller (pas celui de Mad Max, l’autre) sous le titre Attack of the Sabretooth (Les Dents de sabre chez nous).
© Gilles Penso
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