Cette ambitieuse coproduction internationale conçue pour le petit écran adapte le célèbre mythe de Siegfried et de l’Anneau des Nibelungen
RING OF THE NIBELUNGS / DAS NIBELUNGENLIED
2004 – ALLEMAGNE / GB / USA / ITALIE
Réalisé par Uli Edel
Avec Benno Fürmann, Kristinna Loken, Alicia Witt, Julian Sands, Samuel West, Max Von Sydow, Robert Pattinson, Mavie Hörbiger
THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS
L’impact du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson fut tel qu’il déclencha immanquablement maints ersatz aux quatre coins du monde. L’Anneau sacré est l’un des plus audacieux, s’efforçant d’adapter pour le petit écran la célèbre légende de l’Anneau des Nibelungen. Réalisateur pour des séries culte telles que Twin Peaks, Les Contes de la crypte ou Oz, Uli Edel s’est efforcé ici de s’éloigner de la source d’inspiration traditionnelle, autrement dit le célèbre opéra de Wagner, pour puiser directement aux racines des mythologies nordiques et germaniques. Suite à l’assassinat de son père par deux maléfiques rois jumeaux, le prince Siegfried, héritier du trône de Xanten, est recueilli par le forgeron Eywind (Max Von Sydow) alors qu’il n’est qu’un enfant. En grandissant, il se mue en robuste gaillard, à qui le comédien Benno Fürmann prête dès lors ses traits mi brutaux mi angéliques. Ignorant tout de ses origines, il rencontre la belle Valkyrie Brunhilde, reine d’Islande, interprétée par la sculpturale Kristinna Loken, qui fut le redoutable cyborg femelle de Terminator 3.
Après une nuit d’amour passionnée, ils se déclarent mutuellement leur flamme et se jurent fidélité. En gagnant le royaume de Burgund, Siegfried apprend qu’un redoutable dragon nommé Fafner sème la terreur alentour. N’écoutant que son courage, il brave la bête dans son repaire, et parvient à la tuer après un combat épique. En se baignant dans le sang du dragon, Siegfried est désormais invincible, et il décide de ramener au royaume le gigantesque trésor des Nibelungen que gardait Fafner, notamment un anneau qu’il portera désormais. Mais ce trésor est porteur d’une malédiction, et dès lors la route de Siegfried sera pavée de duplicité, de jalousie et de trahisons l’acheminant vers un noir destin. L’ange exterminateur étant en l’occurrence le sinistre Hagen, campé par Julian Sands qui présente ici de nombreuses similitudes physiques avec l’Alan Rickman de Robin des bois.
Le sang de la bête
La première moitié de ce long téléfilm est ainsi ponctuée de séquences épiques, servies par des effets spéciaux haut de gamme. Le cœur du récit s’articule autour de l’affrontement contre Fafner, un dragon en image de synthèse très impressionnant qui rampe sur quatre pattes trapues comme un vrai reptile et dont la gueule se dilate démesurément au moment de cracher du feu. Le combat, situé au beau milieu d’une sinistre caverne, présente plusieurs réminiscences avec ceux des Amours enchantées et du Dragon du lac de feu, et s’achève par l’éventrement de la bête, Siegfried se retrouvant couvert d’un sang poisseux comme jadis Scott Carey sous l’araignée géante de L’Homme qui rétrécit. La seconde partie de l’intrigue, même si elle présente d’autres moments d’action héroïques comme le fameux combat sur les plaques de glace en mouvement, se centre plus particulièrement sur l’histoire d’amour complexe qui lie Siegfried et Brunhilde, et s’achève sur une note tragique et fort émouvante. L’Anneau sacré remplit donc très honorablement son contrat, sans trop souffrir de l’ombre immense de l’œuvre de Peter Jackson, malgré d’inévitables similitudes thématiques.
© Gilles Penso
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