ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES (2007)

Clovis Cornillac remplace Christian Clavier dans ce troisième épisode en totale roue libre victime de sa propre folie des grandeurs

ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES

 

2007 – FRANCE

 

Réalisé par Frédéric Forestier et Thomas Langmann

 

Avec Clovis Cornillac, Gérard Depardieu, Benoît Peolvoorde, Alain Delon, Vanessa Hessler, Stéphane Rousseau, Franck Dubosc

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA ASTÉRIX ET OBÉLIX

Le succès populaire d’Astérix et Obélix : mission Cléopâtre provoqua aussitôt la mise en chantier d’une nouvelle adaptation cinématographique des aventures du petit Gaulois et de son compère porteur de menhirs. Gérard Jugnot plancha un moment sur un éventuel « Astérix en Hispanie », sans succès. Thomas Langmann prit donc le relais, jetant son dévolu sur l’album « Astérix aux Jeux Olympiques », choisissant le réalisateur qui dirigea pour lui Le Boulet (Frédéric Forestier, avec qui il partage un peu abusivement ici le titre de coréalisateur) et réunissant un budget record de 78 millions d’euros (plus 20 millions pour la simple publicité !). L’idée de départ, pas mauvaise en soi, fait reposer l’intrigue sur la rivalité opposant César et son fils Brutus. Audacieux, le casting offre les rôles respectifs de l’empereur et de son rejeton à Alain Delon et Benoît Poelvoorde. L’ex-Guépard nous surprend par un charisme resté intact et par une propension à l’autodérision que nous ne lui connaissions pas (même si, à la longue, les allusions à sa filmographie finissent par perdre de leur impact comique). Le pseudo-Claude François de Podium, pour sa part, semble en roue libre, exagérant ses tics de jeu jusqu’à nous livrer une étrange imitation de Louis de Funès.

Voilà donc le cœur du problème d’Astérix aux jeux olympiques : s’appuyer sur sa distribution prestigieuse (tous les grands noms de la scène comique et du cinéma populaire semblent avoir été convoqués) et sur ses moyens considérables (reconstitution d’un stade olympique antique dans les studios espagnols d’Alicante, innombrables effets spéciaux numériques) sans s’efforcer d’élaborer un scénario digne de ce nom. « Nous avons tourné pendant dix semaines dans le stade », raconte le superviseur des effets visuels Christian Guillon. « Les tribunes étaient censées contenir des milliers de spectateurs, et il n’était évidemment pas question d’employer autant de figurants sur un tournage aussi long. Nous les avons donc multipliés numériquement, et parfois carrément reconstitués en image de synthèse » (1).

L’accumulation

Hélas, ce troisième Astérix fonctionne par accumulation et non par construction. Frédéric Forestier lui-même, féru de fantastique et d’action, s’avère bien incapable d’imposer une mise en scène stylisée et efficace, sans doute encombré par un producteur et « coréalisateur » pas vraiment sur la même longueur d’onde. Même les nombreux clins d’œil cinéphiliques tombent à plat (les références à Gladiator, L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ou Star Wars, par exemple, ne font que ralentir l’action sans déclencher le moindre rire). Et que dire de la présence passive des personnages d’Astérix et Obélix ? Simples figurants, ils se contentent d’assister aux événements sans y prendre part. Du coup, le remplacement de Christian Clavier par Clovis Cornillac ne change pas grand-chose, malgré une petite allusion improvisée par Jamel Debbouze au cours d’un interminable épilogue qui semble avoir pour seul but d’exhiber les stars du sport que Thomas Langmann a pu rassembler (Zinédine Zidane, Amélie Mauresmo, Tony Parker). Ni la bande dessinée, ni le cinéma ne ressortent grandis d’une telle expérience…

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2006

 

© Gilles Penso


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