Lance Henriksen part en chasse contre une créature des bois velue et agressive dans cette production canadienne sans saveur
SASQUATCH / SASQUATCH MOUNTAIN / THE UNTOLD
2003 – CANADA
Réalisé par Jonas Quastel
Avec Lance Henriksen, Andrea Roth, Russell Ferrier, Philip Granger, Jeremy Radick, Mary Mancini, Taras Kostyuk
Directement conçu pour le petit écran, Sasquatch raconte l’histoire d’un avion qui s’écrase quelque part au beau milieu d’une forêt du Pacific Northwest. Aussitôt, Harlan Knowles (Lance Henriksen), puissant businessman à la tête de la compagnie Bio-Comp, monte une expédition pour retrouver les survivants, notamment sa fille qui se trouvait dans l’avion. Au fil du long bivouac qui s’ensuit, les personnalités des membres de la petite équipe de secours se révèlent. L’aventurier Winston Burg (Phil Granger), auteur de nombreux livres sur la jungle et les bêtes sauvages, s’avère être un alcoolique trouillard. Marla Lawson (Andrea Roth), la représentante de l’assurance, voit dans cette expédition l’occasion de servir son propre intérêt en monnayant des informations compromettantes. Quant à Knowles, il cherche autant à retrouver sa fille qu’à mettre la main sur une mystérieuse boîte noire qui était à bord de l’avion. Bientôt, tout ce beau monde comprend ce qui a provoqué le crash : l’avion semble avoir heurté et tué un homme-bête vivant dans les bois. A peine sortis de la carcasse, les occupants ont ensuite été décimés par une autre de ces créatures, îvre de vengeance. Or le monstre rôde toujours dans la forêt…
Sur le papier, tout ça semble plutôt intéressant. A l’écran, ça l’est nettement moins. Car la majeure partie du film est consacrée à des promenades sans fin dans les bois et des discussions ineptes autour du feu. Ne sachant pas trop comment filmer cette ennuyeuse aventure, Jonas Quastel, qui signe-là son premier long-métrage après une expérience de cadreur et de scénariste, essaie de faire du style, abusant des fondus, des jump-cuts, des ellipses et des ralentis qui ne font qu’ajouter à la lassitude générale. Du coup, les petites 85 minutes du métrage semblent en durer deux fois plus. Quant au Sasquatch du titre, c’est un peu l’arlésienne, puisqu’il se contente la plupart du temps de rares apparitions furtives, ne dévoilant pudiquement qu’un bout de crâne ou de mâchoire. Nous avons surtout droit à sa vision subjective, traduite par un effet visuel assez hideux sensiblement inspiré par Predator.
L’étrange créature du bois noir
Comme il se souvient de King Kong et de L’Étrange créature du lac noir, le monstre se laisse volontiers séduire par la blonde Marla, qui dort à moitié nue dans sa tente et se baigne en tenue d’Eve dans une source d’eau chaude, sans que cette « attirance » n’ait le moindre impact sur le scénario. Au moment du dénouement, la bête est un peu plus visible, son maquillage créé par Gene McCormick évoquant quelque peu celui de La Créature du marais. Elle s’agite vaguement derrière les arbres, menaçant un Lance Henriksen fatigué et bouffi, qui semble s’ennuyer presque autant que le spectateur, et cachetonne visiblement sans la moindre conviction (mais où est donc passé l’immense acteur d’Aliens et Aux frontières de l’aube ?). Quelques emprunts à Blair Witch et un casting sans saveur parachèvent le ratage de ce Sasquatch qui affirme fièrement s’inspirer de faits réels. Ce téléfilm tout à fait facultatif fut diffusé sous le titre Inexplicable au Quebec et The Untold dans le reste du Canada.
© Gilles Penso
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