Dans un monde post-apocalyptique où grouillent des insectes géants, un jeune homme part à la recherche de la fille qu’il aime…
LOVE AND MONSTERS
2020 – USA
Réalisé par Michael Matthews
Avec Dylan O’Brien, Jessica Henwick, Michael Rooker, Dan Ewing, Ariana Greenblatt, Ellen, Tre Hale, Pacharo Mzembe, Senie Priti, Amali Golden
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Le concept de Love and Monsters est né en 2012 sous la plume de Brian Duffield, scénariste de The Babysitter et Underwater. Cette comédie post-apocalyptique qui n’est pas sans présenter quelques points communs avec Bienvenue à Zombieland (avec des monstres géants à la place des morts-vivants) attire rapidement Shawn Levy (La Nuit au musée) qui en devient le producteur, aux côtés de Dan Cohen (Stranger Things). Si cette équipe est en terrain connu, leur filmographie ayant déjà cotoyé à plusieurs reprises la comédie, le fantastique et la science-fiction, le choix du réalisateur est plus surprenant. Michael Matthews s’est en effet fait remarquer par le western contemporain Five Fingers to Marseilles, tourné dans son Afrique du Sud natale et récipiendaire d’une foule de prix locaux. Love and Monsters est son second long-métrage, et la maestria avec laquelle il gère cet équilibre délicat entre la comédie romantique adolescente et le gros film de monstres prouve qu’il était l’homme de la situation. En tête d’affiche, nous retrouvons Dylan O’Brien, vu notamment dans la série Teen Wolf, la saga Le Labyrinthe et Bumblebee. Initialement, Love and Monsters était destiné à une sortie en salles, mais la pandémie du Covid-19 en a décidé autrement. Le studio Paramount a donc opté pour une distribution sur les plateformes de VOD et de streaming, Netflix en tête. C’est dommage, car la générosité du spectacle se serait parfaitement accordée à une projection sur (très) grand écran.
C’est en quelques minutes, à travers la voix off du jeune narrateur et les dessins griffonnés sur son cahier de bord, que nous découvrons la situation dans laquelle se déroule le film. Pour détruire un astéroïde menaçant de s’écraser sur la Terre, de nombreux missiles lancés dans sa direction ont provoqué des retombées chimiques aux conséquences désastreuses. Tous les animaux à sang froid se sont aussitôt transformés en monstres gigantesques et voraces, éradiquant la grande majorité de la population. Les rares survivants se sont regroupés dans des bunkers souterrains, ne sortant que pour ramener des provisions dans ce monde hostile où la nature a repris ses droits. C’est dans une de ces « colonies » que vit Joel Dawson (Dylan O’Brien). Sept ans plus tôt, pendant l’évacuation de Fairdield, ses parents ont été tués et sa petite amie Aimee (Jessica Henwick) a pris la fuite. Dès lors, il communique avec elle par radio en espérant un jour la retrouver. Mais il est incapable de se battre, se fige dès que le danger pointe le bout de son nez et se contente donc d’officier comme cuisinier pour ses compagnons d’infortune. Mais un jour, Joel prend son courage à deux mains et décide de quitter le bunker pour rejoindre celle qu’il aime, quitte à braver les redoutables créatures qui grouillent à la surface…
Mille et une pattes
Fidèle aux ambitions de son scénario prometteur, Love and Monsters nous offre une ménagerie très impressionnante qu’on pourrait situer quelque part entre les insectes de Starship Troopers, les monstres de The Mist et les créatures de Ray Harryhausen. Ce crapaud, ces vers, ce mille-pattes ou ce crabe, tous mutants et titanesques, crèvent l’écran avec une folie destructrice qui n’aurait pas dépareillé dans un film plus « sérieux ». De fait, si l’humour est omniprésent dans Love and Monsters, ce n’est jamais sous forme de clins d’œil au second degré ou de coups de coude post-modernes. C’est au contraire avec une étonnante sincérité qu’est traitée la mésaventure de cet adolescent attardé de 24 ans qui semble toujours en avoir seize, sa maturité ayant été considérablement entravée par le cataclysme et ses conséquences immédiates. Dylan O’Brien est parfait, appréhendant ce personnage maladroit mais opiniâtre avec une candeur surprenante. La romance elle-même évacue tous les clichés attendus. En sept ans, la fille qu’il aime et lui-même ont évolué différemment, n’ont pas muri à la même vitesse, ce qui ne garantit pas forcément les retrouvailles idylliques tant espérées. C’est donc avec cœur et sincérité que Michael Matthews aborde ce film de monstres, citant le jeu vidéo « The Last of Us » comme l’une de ses sources d’inspiration majeures. Et même si le final laisse la porte ouverte vers une éventuelle séquelle, il est rafraîchissant de ne pas se sentir « pris en otage » dans un produit filmique dont l’objectif majeur est de créer une franchise. Love and Monsters se suffit à lui-même, et c’est tout à son honneur.
© Gilles Penso
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