Jackie Chan, Jennifer Love Hewitt et Jason Isaacs partagent la vedette de cette imitation de James Bond exhibant un costume futuriste délirant
THE TUXEDO
2002 – USA
Réalisé par Kevin Donovan
Avec Jackie Chan, Jennifer Love Hewitt, Jason Isaacs, Debi Mazar, Peter Stormare, Ritchie Coster, Mia Cottet, Cecile Christobal
Jackie Chan s’était déjà prêté au jeu du pseudo-James Bond avec Contre-attaque qui, à défaut de développer un scénario palpitant, collectionnait des séquences d’action originales détournant les « classiques » de la saga 007 (notamment un combat sous-marin d’anthologie au milieu de requins affamés). Sous l’impulsion du studio Dreamworks, la superstar chinoise retente l’exercice en s’efforçant de mixer espionnage, comédie et science-fiction, mais autant dire que la mayonnaise ne prend guère. Étant donné que la scène d’introduction ressemble à un remake de Taxi, autant dire qu’elle laisse peu d’espoirs sur la suite du film, et ce premier sentiment est hélas très tôt confirmé. Chan interprète ainsi un chauffeur de taxi new-yorkais nommé Jimmy Tong (d’où la réplique qui tue : « mon nom est Tong, James Tong ! »), qui végète quelque peu jusqu’à ce que ses dons de conducteur hors pair n’attirent l’attention des services secrets américains. Ces derniers lui confient le poste de chauffeur personnel de l’agent Clark Devlin.
Prodigieux salaud dans The Patriot de Roland Emmerich, Jason Isaacs incarne ledit Devlin, un fort honorable émule de James Bond dont le jeu et le physique ne sont pas sans évoquer Timothy Dalton. C’est d’ailleurs le seul éclat d’un casting par ailleurs terne, malgré la présence de l’éblouissante Jennifer Love Hewitt ici cantonnée au double rôle de potiche et de faire-valoir comique. Dans le rôle de l’agent novice Dell Blaine, elle sert principalement à véhiculer un quiproquo pataud sur lequel repose la majeure partie du film (Jimmy Tong est confondu avec Clark Devlin). Sans parler de Ritchie Coster, qui incarne sans l’once d’un charisme un méchant du nom de Dietrich Banning, lequel projette de posséder le monopole de l’eau minérale en transformant toutes les sources naturelles en poison déshydratant. D’où une séquence un peu gore où l’un de ses ex-associés se mue en momie desséchée qui tombe en morceaux. Un tel vilain aurait pu donner lieu à de palpitantes séquences d’action et de suspense, mais le film n’en tire aucun parti.
L’habit ne fait pas le moine
Quant au smoking du titre, il s’agit d’un costume high-tech bourré de gadgets et de modes de fonctionnement variés : destruction, homme-araignée, assemblage d’arme rapide, dons de sniper, combat, camouflage… Jimmy Tong hérite du miraculeux costume après que son employeur ait été envoyé à l’hôpital suite à une explosion, et se mue ainsi en espion hors du commun, doté de capacités physiques extraordinaires malgré son incorrigible maladresse. A part un combat plutôt réussi dans une chambre d’hôtel et une étonnante apparition en forme de clin d’œil du roi de la soul James Brown, il n’y a pas grand-chose à sauver de cette aberrante entreprise. D’autant que lorsque Chan, revêtu de son costume miraculeux, imite James Brown sur scène, chorégraphie excessive à l’appui, le spectateur est plus embarrassé qu’amusé. Avec son intrigue filiforme, ses scènes d’action sans surprise et son humour besogneux, Le Smoking n’a su séduire aucun public, remboursant difficilement son budget de 60 millions de dollars, et s’est donc vu reléguer à l’endroit qui lui sied le mieux : le vestiaire.
© Gilles Penso
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