LAST ACTION HERO (1993)

Six ans après Predator, John McTiernan retrouve Arnold Schwarzenegger pour un film d’action parodique et vertigineux…

LAST ACTION HERO

 

1993 – USA

 

Réalisé par John McTiernan

 

Avec Arnold Schwarzenegger, F. Murray Abraham, Austin O’Brien, Charles Dance, Tom Noonan, Anthony Quinn

 

THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION

Au début des années 90, le cinéma d’action américain semble avoir atteint un point de non-retour. Boosté par les productions de Joel Silver (L’Arme fatale, Piège de cristal) et Gale Anne Hurd (Aliens, Terminator 2), le genre a atteint une limite qu’il semble difficile de dépasser sans basculer dans l’auto-parodie. Suivant un schéma qui rappelle la fin de l’âge d’or des films de monstres du studio Universal, qui s’était naturellement orienté vers le pastiche avec les pantalonnades d’Abbott et Costello, Last Action Hero détourne donc les codes des productions les plus survoltées de la décennie précédente pour les dynamiter de l’intérieur. Et pour y parvenir, rien de tel qu’un expert aux commandes (en l’occurrence John McTiernan) et l’un des acteurs les plus populaires du genre face à la caméra (rien moins qu’Arnold Schwarzenegger). Le duo gagnant de Predator se retrouve ainsi avec un enthousiasme manifeste. Last Action Hero s’appuie sur un scénario original d’Adam Leff et Zak Penn initialement titré Extremely Violent. Acheté par le studio Columbia, le script est proposé à la star de Terminator, qui se laisse immédiatement séduire par ce concept auto-parodique à condition d’en atténuer la violence (il s’implique pour la première fois dans la production et souhaite que le film soit tout public). Shane Black et David Arnott réécrivent donc le scénario, qui sera affiné par William Goldman. Le principe du film évoque beaucoup celui de La Rose pourpre du Caire, dont Last Action Hero semble être une sorte de relecture musclée et explosive, frôlant par moment l’humour nonsensique des ZAZ sans jamais y céder totalement.

Le protagoniste de Last Action Hero est Danny Madigan (Austin O’Brien), un garçon de onze ans tellement fan de l’acteur Arnold Schwarzenegger qu’il va voir tous ses films plusieurs fois, notamment la série de longs-métrages d’action dans lesquels il incarne Jack Slater, un policier dur à cuire de Los Angeles. Voilà longtemps que Danny a sympathisé avec un vieux projectionniste qui lui propose parfois de voir les films avant tout le monde. Un soir, alors que sa mère est partie travailler, le jeune cinéphile se retrouve dans sa salle de cinéma préférée et s’apprête à assister en avant-première à une séance du tout dernier Jack Slater. Mais à cause des effets d’un ticket magique hérité du célèbre magicien Houdini, Danny se retrouve soudain projeté à l’intérieur du film. Le voilà co-équipier malgré lui de son héros préféré, plongé dans des péripéties exagérément spectaculaires et hautement improbables. Slater refuse de croire qu’il est un héros de fiction et que Danny vient d’un monde parallèle – celui de la « réalité ». Mais lorsque le sinistre Benedict (Charles Dance) s’empare du ticket magique et se retrouve dans le monde réel, Slater est bien obligé de se rendre à l’évidence. Pour stopper les agissements de Benedict, le flic fictif et son jeune admirateur vont devoir le suivre et « passer de l’autre côté du miroir »…

Écran total

C’est avec une jubilation étonnante qu’Arnold Schwarzenegger et John McTiernan s’amusent à pulvériser les codes du cinéma d’action qui fit leur gloire et leur renommée. Mais dénuée d’un véritable discours, la démarche a quelque chose d’un peu suicidaire, ce que prouvera l’infléchissement ultérieur de leurs carrières respectives. Pourtant, tous les ingrédients semblaient réunis. Last Action Hero abonde en effet en morceaux de bravoure à couper le souffle, collectionne les guest stars de prestige (Anthony Quinn, Tina Turner, James Belushi, Jean-Claude Van Damme) et multiplie les clins d’œil parodiques. Les plus mémorables ? Le compositeur Michael Kamen qui reprend l’espace de quelques secondes les accords de L’Arme fatale lorsqu’un flic noir projeté dans un arbre rappelle qu’il est à quelques semaines de la retraite ; le jeune héros qui reconnaît en F. Murray Abraham l’assassin de Mozart dans Amadeus ;  Sharon Stone et Robert Patrick, tout droit échappés de Basic Instinct et Terminator 2, qui sortent d’un commissariat ; Sylvester Stallone lui-même qui apparaît sur l’affiche de T2 dans un vidéoclub ; et le fin du fin : Arnold Schwarzenegger qui devient le héros d’une version brutale de Hamlet. Hélas, tout ce déploiement d’énergie et d’idées ne suffit pas à charpenter un récit désespérément déséquilibré, sous-tendu par un argument fantastique (le ticket magique) des plus évasifs. Il faut dire que le film n’a pas le temps d’être affiné en post-production, Columbia refusant de décaler la date de tournage malgré les retards pris par la production. Une semaine avant sa première, Last Action Hero est encore en tournage ! Soutenu par une campagne de promotion mégalomane (dont une publicité affichée dans l’espace sur un vaisseau de la NASA !), le film est loin d’être le succès escompté. Le public s’enthousiasme alors pour les dinosaures de Jurassic Park, sorti à peine une semaine plus tôt, et n’accorde pas beaucoup d’attention à ce blockbuster impertinent et post-moderne qui ne deviendra culte que plus tard.

 

© Gilles Penso

 

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