Le troisième et dernier volet de la mini-saga consacrée à l’étrange créature du lac noir marche sur les traces du mythe de Frankenstein
THE CREATURE WALKS AMONG US
1956 – USA
Réalisé par John Sherwood
Avec Jeff Morrow, Rex Reason, Leigh Snowden, Gregg Palmer, Maurice Manson, James Rawley, David McMahon
THEMA MONSTRES MARINS I MUTATIONS I SAGA LA CRÉATURE DU LAC NOIR
Pour sortir un peu de la routine qui commençait à s’installer dans La Revanche de la créature, cette troisième aventure du « Gill Man » s’efforce de créer la surprise en mâtinant son intrigue de science-fiction. Une nouvelle expédition est mise en place pour retrouver l’étrange créature dans les marécages d’Amérique du Sud où elle aurait été repérée par un chasseur d’alligators. Mais William Barton (Jeff Morrow), l’éminent chirurgien qui finance l’équipée, ne cherche pas seulement à étudier la bête. Il souhaite en effet la capturer et lui faire subir des mutations génétiques. Son idée est de tirer parti de son incroyable résistance afin de créer un être puissant, une sorte de nouveau chaînon de l’évolution humaine, capable à terme de subsister dans des environnements hostiles tels que l’espace. Même si son argumentation est solide et étayée, ses intentions ne sont pas très éloignées de celles d’un savant fou de base. « Nous sommes tous entre la jungle et les étoiles, à un croisement », avoue le docteur Morgan (Rex Reason), qui accepte de participer à cette expérience de son confrère en tant que témoin, même si l’aspect contre-nature de la chose le rebute quelque peu.
A vrai dire, la première demi-heure du film s’avère chiche en rebondissements et suscite un certain ennui. Ce n’est qu’au moment où la créature surgit enfin dans un marais nocturne, attaque l’embarcation des protagonistes, s’asperge accidentellement d’essence et s’enflamme telle une torche humaine avant de s’échouer dans les eaux stagnantes que l’intérêt est enfin attisé. Comme prévu, notre « Gill Man » est opéré et sa morphologie se modifie. Désormais, il ressemble à une espèce de bibendum écailleux engoncé dans un costume cousu à la va vite, et son rôle se limite à celui d’un gorille de série B, grognant de temps en temps, attaquant d’une démarche pataude quelques humains et s’échappant finalement pour regagner son berceau aquatique.
Jack Arnold cède sa place
Le scénario croit bon de s’adjoindre un personnage féminin parfaitement inutile, en la personne de Marcia Barton (Leigh Showden), la riche et oisive épouse du chirurgien. Aguichant tous les hommes de l’expédition, jouant du piano ou de la guitare, tirant sur les requins à coup de fusil et agitant ses gambettes sous l’océan, elle ralentit la plupart du temps l’intrigue et se contente de mettre en ébullition la testostérone ambiante. « Tu ne sers à rien ! » lui dira d’ailleurs son époux un brin éméché mais finalement très lucide. Le studio Universal lui-même semble ne plus croire au potentiel de son monstre marin, délaissant le relief qui agrémentait les deux épisodes précédents et remplaçant le talentueux Jack Arnold par John Sherwood, un assistant réalisateur qui ne dirigea que trois longs-métrages au cours de sa carrière : celui-ci, le western Raw Edge et le film catastrophe The Monolith Monster. Malgré un concept audacieux et franchement original, La Créature est parmi nous ne parvient donc guère à convaincre et marque la fin d’une saga qu’on aurait pu espérer plus florissante, étant donné l’extraordinaire potentiel de cette fort belle créature hybride.
© Gilles Penso
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