HORROR OF THE BLOOD MONSTERS (1970)

Un film totalement absurde dans lequel des astronautes atterrissent sur une planète préhistorique où sévissent des créatures improbables

HORROR OF THE BLOOD MONSTERS

 

1970 – USA

 

Réalisé par Al Adamson

 

Avec John Carradine, Robert Dix, Vicki Volante, Joey Benson, Jennifer Bishop, Bruce Powers, Theodore Gottlieb

 

THEMA VAMPIRES

Grand spécialiste du cinéma d’exploitation à tout petit budget, Al Adamson fonde la compagnie Independent International Production avec Samuel M. Sherman et enchaîne les productions fauchées comme Satan’s Sadists, Blood of Dracula’s Castle ou cet hallucinant Horror of the Blood Monsters dont le scénario part dans tous les sens et n’atterrit finalement nulle part. Il s’agit en réalité d’un patchwork assez confus structuré autour de larges extraits du film philippin Tagani, réalisé par Rolf Bayer en 1956, qui conte la rivalité entre deux peuplades d’hommes préhistoriques. Adamson rachète ce film obscur pour une bouchée de pain, récupère au passage d’autres extraits en vrac et se creuse la tête pour pouvoir bricoler un long-métrage à peu près cohérent à partir de cette matière disparate. Il lui faut d’abord trouver un moyen de recycler tous ces extraits en noir et blanc au sein d’un film couleur. C’est là que vient l’idée de génie : l’intrigue se situera sur une autre planète dont l’atmosphère est saturée de « radiations chromatiques ». Du coup tout ce qui s’y déroule semble être en noir et blanc avec un filtre de couleur jaune, bleu, rouge ou vert. Adamson pousse le vice jusqu’à inventer le nom d’un procédé technique totalement imaginaire qui s’affiche fièrement sur le générique et les affiches du film : le « Color Effect Spectrum X ».

Lorsque le film commence, nous apprenons qu’un fléau vampirique a gagné la Terre et que les citoyens se transforment les uns après les autres en suceurs de sang. C’est ce que nous raconte une voix off qui en fait des tonnes en prenant une sorte d’accent de l’est indéfinissable, tandis que s’égrènent à l’écran quelques saynètes répétitives où des figurants s’affolent face à des comédiens arborant des dents pointues. Or le mal vient visiblement d’une autre planète. Il faut donc organiser un voyage dans l’espace jusqu’au système solaire de Spectrum. L’expédition est montée par le docteur Rynning (un John Carradine vieillissant qui acceptait à l’époque de jouer dans tout et n’importe quoi). Après d’interminables bavardages avec le centre de contrôle (deux acteurs filmés devant un fond noir) et quelques images spatiales empruntées à The Wizard of Mars (1965), le vaisseau XP13 atterrit enfin sur la fameuse planète. Et c’est parti pour un festival de stock-shots en noir et blanc filtrés de toutes les couleurs. Tout commence avec des images de dinosaures empruntées à Tumak fils de la jungle (1940) et L’île inconnue (1948), autrement dit des lézards qui se battent dans un décor miniature et des hommes costumés en cératosaures au milieu des broussailles. Mais ce n’est qu’un avant-goût du délire qui attend les spectateurs…

Hommes écrevisses et vampires des cavernes

Car nos fiers voyageurs de l’espace assistent bientôt à une série de pugilats entre plusieurs tribus préhistoriques. Les uns sont athlétiques et courageux, les autres plus sauvages et affublés d’un petit serpent qui semble greffé sur leur épaule. Ces images improbables proviennent de Tagani, comme la grande majorité de celles qui suivent. Car dès lors, les comédiens dirigés par Al Adamson se contentent de regarder au loin, de s’asseoir en fumant ou de commenter vaguement ce qui se passe hors-champ. Une femme préhistorique en maillot de bain se joint à eux, histoire de varier les plaisirs, et se met à parler parfaitement anglais après qu’ils lui aient injecté plusieurs produits dans le corps. Le reste du temps, nous découvrons donc la guerre que se livrent les gentils Taganis et les méchants Tubetons (des hommes de Néanderthal vampires avec des crocs aussi gros que ceux des tigres à dents de sabre). Parmi les scènes mythiques de Horror of the Blood Monsters (toujours issues de Tagani), on note l’attaque des hommes-chauves-souris dans une caverne et surtout le surgissement des hommes-écrevisses dans un lac ! Un très grand moment de n’importe quoi. L’action est parfois interrompue par des séquences déconnectées du reste de l’intrigue où un couple fait l’amour dans une chambre pleine d’ampoules multicolores qui font bip-bip. Finalement, l’équipage quitte la planète en ayant totalement oublié l’objectif premier de sa mission, qui était d’éradiquer le fléau vampire s’étant abattu sur la Terre. De toute façon, à ce stade, plus personne ne semble savoir à quoi rime ce film, ni les acteurs, ni le réalisateur, ni bien sûr les spectateurs. En France, cette production « autre » fut parfois affublée du titre Les Monstres de la planète des singes !

 

© Gilles Penso

 

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