Un savant incarné par Robin Williams invente une sorte de blob échappant aux lois de la gravité et animé d’une personnalité propre…
Près de quarante ans après Monte là-d’ssus, les studios Disney décident d’en réaliser un remake laissant la part belle aux effets spéciaux, dans la foulée de la version live des 101dalmatiens écrite et produite par John Hugues. Ce dernier est aussi aux commandes de Flubber, dont il confie la mise en scène à Les Mayfield, ancien documentariste passé à la fiction à l’occasion de California Man et Miracle sur la 34ème rue. Pour le rôle principal, Hugues a d’emblée Robin Williams en tête, même si d’autres candidats potentiels lui viennent à l’esprit (notamment Christopher Lloyd, Tim Allen, Jeff Goldblum et John Lithgow). Mais Williams accepte, entraînant aussitôt le feu vert du studio. Le héros de Jumanji et Hook interprète le professeur Philipe Brainard, un scientifique maladroit et distrait tellement obnubilé par ses recherches qu’il a déjà raté deux fois la cérémonie de son mariage avec Sara Jean Reynolds (Marcia Gay Harden), présidente du collège Medfield. Autant dire que Sara a tiré un trait sur son fiancé chimiste. Jusqu’au jour où celui-ci fait une découverte prodigieuse. En effet, en quête d’une nouvelle source d’énergie, le savant est parvenu à créer une gélatine visqueuse animée d’une vie propre, qu’il baptise « Flubber », contraction de « flying rubber » (caoutchouc volant).
Ce blob facétieux semble n’en faire qu’à sa tête et s’avère capable de se multiplier à loisir. D’où une scène très graphique mais parfaitement gratuite dans laquelle le Flubber se subdivise en plusieurs dizaines d’entités et entame un mambo endiablé dans la maison du professeur. Cette séquence, qu’on croirait tout droit sortie d’une comédie musicale des années 50, est rythmée par une partition frénétique de Danny Elfman, toujours sous influence de son propre travail sur Beetlejuice et Les Simpsons. Alors que dans le film original, le confident du savant était un chien, la version 1997 a décidé d’en faire un petit robot volant nommé Weebo. Celui-ci est équipé d’une personnalité très humaine, d’une langoureuse voix féminine et d’un écran vidéo diffusant des extraits de films – puisés bien entendu dans le catalogue Disney – pour visualiser ses états d’âme, un concept emprunté de toute évidence à la série Dream On.
100% de matière grasse
Lorsque le professeur découvre que le Flubber échappe aux lois de la pesanteur, il applique le matériau à sa vieille Ford Thunderbird, ce qui nous donne droit à des séquences de voiture volante qui ne sont pas sans évoquer celles de la trilogie Retour vers le futur. Suivant le modèle du film original, Brainard se sert finalement de son invention pour permettre à l’équipe de basket du collège Medfield de remporter une victoire éclatante. Ce match d’anthologie voit ainsi les joueurs défier allègrement toutes les lois de la gravité, sautant au plafond et volant jusqu’au panier devant un public médusé. Les infographistes d’ILM conçoivent pour l’occasion des effets spéciaux absolument stupéfiants, abondant généreusement tout au long du film. Mais c’est hélas le seul atout de ce remake boursouflé, dont l’existence ne fut sans doute justifiée que grâce à l’avancée technologique des effets numériques et à l’accord de Robin Williams pour en tenir la vedette. Pour le reste, Flubber est une sorte de patchwork incohérent qui n’hésite devant aucun humour gras, à grands coups de flatulences et de gros plans sur des fesses volumineuses ! Le sympathique Monte là-d’ssus ne méritait certainement pas un tel outrage.
© Gilles Penso
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