Dracula sort de sa tombe et transforme un homme en loup-garou pour qu’il lui fournisse des jeunes femmes à dénuder et à vider de leur sang !
DRACULA (THE DIRTY OLD MAN)
1969 – USA
Réalisé par William Edwards
Avec Vince Kelly, Ann Hollis, Bill Whiton, Libby Caculus, Joan Puckett, Sue Allen, Ron Scott, Bob Whitton, Rebecca Reynolds
THEMA DRACULA I VAMPIRES I LOUPS-GAROUS
C’est la rançon de la gloire : victime de sa popularité, le Dracula de Bram Stoker aura fini par être mangé à toutes les sauces, même les plus indigestes ! L’avantage de Dracula ce vieux cochon est que son titre annonce tout de suite la couleur. Avant même de voir le film, nous savons que la finesse et le bon goût ne seront pas au rendez-vous. Rien ne nous prépare pour autant à l’ampleur du désastre. Tout commence par une voix off qui semble sous l’emprise d’on ne sait quelles drogues, commentant un panorama de collines et de montagnes bleues avec un lyrisme grotesque qui traîne déjà en longueur. Ce prologue n’a d’ailleurs aucun lien avec le reste du film et fait donc visiblement office de remplissage. Dans la scène suivante, un Dracula ridicule, barbu et grimaçant (Vince kelley), surgit de sa tombe isolée au fond de ce qui ressemble à une grotte, se transforme en chauve-souris en plastique soutenue par des fils, traverse les murs et observe par la fenêtre une jeune femme qui se déshabille. Le strip-tease est complet, preuve que le public visé est celui des « nudies » si populaires dans les années soixante. Mais si Dracula ce vieux cochon surfe sur cette vogue en plein essor de la sexploitation, il semble aussi vouloir conserver un aspect horrifique (sans y parvenir le moins du monde) ainsi que certains éléments comiques (qui tombent tous à plat).
Après cette première séquence de voyeurisme gratuit, attention, l’intrigue se noue. Un homme (Billy Whitton) se promène dans un coin perdu du désert et tombe par hasard sur la grotte de Dracula qui se présente sous le nom d’Alucard (un jeu de mot d’une grande subtilité déjà présent dans Le Fils de Dracula). Aussitôt, le vampire l’hypnotise avec son médaillon en forme de tête de lion. Désormais, le malheureux se transforme chaque soir en Jackal-man, un loup-garou au maquillage à hurler de rire. Les babines retroussées, le poil hirsute, il part en quête de jeunes femmes qu’il kidnappe pour les ramener dans la grotte de Dracula. Celui-ci (le titre aurait dû nous mettre la puce à l’oreille) déshabille les victimes hurlantes, les attache à une espèce de potence en bois, les couvre de baisers et leur suce le sang. Une fois son forfait commis, il éclate d’un interminable rire sardonique. Parfois il se transforme en chauve-souris au moment de « l’acte » et reste suspendu à la poitrine de ses captives. D’autres fois, c’est le loup-garou lui-même qui, incapable de réfréner ses instincts, viole les victimes avant de les livrer au vampire. Bref, c’est un joyeux boxon qui part dans tous les sens jusqu’à ce que le lycanthrope, fâché de découvrir que sa fiancée est destinée à devenir la future proie de Dracula, se révolte contre lui…
Le pire des vampires
Plagiant tranquillement le scénario de The Return of the Vampire de Lew Landers qui, vingt-sept ans plus tôt, racontait à peu près la même histoire (sans dénuder pour autant ses victimes), Dracula ce vieux cochon est tourné dans des conditions tellement précaires que le réalisateur William Edwards, animé d’un bref éclair de lucidité, est pris d’un doute en découvrant les rushes. Non seulement les images sont d’une qualité très discutable, mais en plus la prise de son est totalement inutilisable. Jouant le tout pour le tout, il décide donc de postsynchroniser – très approximativement – l’intégralité du film en ajoutant de l’humour, des blagues et de l’autodérision dans tous les dialogues. Les personnages énoncent donc des pensées absurdes en voix off et les répliques sont toutes plus incohérentes les unes que les autres. L’initiative n’est pas plus bête qu’une autre. Encore aurait-il fallu qu’elle soit drôle. Pour parachever le massacre, la bande son est saturée du début à la fin du métrage par une petite musique de fond aux allures de jazz d’ascenseur qui devient très vite agaçante. Du coup, malgré sa courte durée atteignant à peine les 70 minutes, Dracula ce vieux cochon semble durer dix fois plus longtemps.
© Gilles Penso
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