LES RAISINS DE LA MORT (1978)

Du vin contaminé transforme les habitants d’un village viticole en mutants assoiffés de chair et de sang…

LES RAISINS DE LA MORT

 

1978 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Marie-Georges Pascal, Félix Marten, Serge Marquand, Mirella Rancelot, Patrice Valota, Patricia Cartier, Michel Herval

 

THEMA MUTATIONS I SAGA JEAN ROLLIN

Délaissant provisoirement ses femmes vampires fétiches suite à l’échec cuisant de Lèvres de sang, Jean Rollin se détourne en 1978 des films pornographiques de bas-étage qu’il enchaîne pour des raisons purement alimentaires et s’attaque à une nouvelle thématique par l’entremise des Raisins de la mort, en brodant autour d’une histoire imaginée par Jean-Pierre Bouyxou. L’idée des producteurs Jean-Marc Ghanassia et Claude Guedj, à l’initiative du film, est visiblement de surfer sur la vogue du film de zombies amorcée dix ans plus tôt avec La Nuit des morts-vivants. Plus porté sur la poésie macabre que sur l’horreur graphique, Rollin accepte malgré tout cette proposition, s’empare avec joie du budget d’un million de francs mis à sa disposition et se lance dans Les Raisins de la mort en espérant y injecter un peu de son style et de sa sensibilité.

Son héroïne, Elisabeth, se rend dans un petit village viticole au beau milieu de la campagne aveyronnaise où elle doit rejoindre son fiancé. Mais dès le voyage en train, les choses tournent mal. Un homme au visage en partie défiguré et au comportement étrange entre dans son compartiment, assassine sa compagne de voyage et s’en prend à elle. S’échappant de justesse, Elisabeth gagne le village au pas de course et découvre que tous les habitants ont subi une inquiétante métamorphose : leur corps se décompose progressivement, et ils sont mus par des pulsions meurtrières, agissant par moments comme de véritables zombies. Ils s’entretuent tous joyeusement, et la pauvre jeune femme passe donc la majeure partie du film à jouer à cache-cache dans les ruelles pavées et la rase campagne aveyronnaise pour se soustraire à leurs griffes. Pour l’anecdote, le scénariste Bouyxou joue lui-même deux zombies différents dans le film, au beau milieu d’un tournage réalisé pendant quatre semaines dans des conditions compliquées à cause de très basses températures frigorifiant littéralement sur place les comédiens et leurs maquillages spéciaux.

Le gros rouge qui tache

Le fin mot de cette histoire rocambolesque ne manque pas d’ironie : ces affreuses mutations sont dues à un nouveau type de pesticide employé sur les raisins. Tous les buveurs de vins sont donc contaminés ! Elisabeth est finalement sauvée par un duo improbable de chasseurs, qui préfèrent la bière au gros rouge et ont donc échappé à la transformation. Fort de ce postulat récréatif, Les Raisins de la mort collectionne les séquences mi-horrifiques mi-surréalistes, comme cette belle aveugle décapitée sur le pas de sa porte, ou cette jeune femme dont la poitrine dénudée est transpercée par une fourche ! Ne renonçant ni à son goût de la poésie morbide, ni à ses polissonneries coutumières, Rollin met également en scène Brigitte Lahaie, dans le rôle d’une villageoise non encore contaminée mais déjà ralliée à la cause du mal. Son apparition en chemise de nuit, flanquée de deux molosses canins, n’est pas sans nous rappeler Edith Scob dans Les Yeux sans visage. Mais la comparaison s’arrête là. Car comme souvent dans l’œuvre de Jean Rollin, toutes ces bonnes intentions sont en partie gâchées par un rythme terriblement lent, des dialogues saugrenus et des comédiens assez catastrophiques.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection



Partagez cet article