LES DEUX ORPHELINES VAMPIRES (1997)

Jean Rollin retrouve ses premières amours en transformant le classique « Les Deux orphelines » en conte macabro-ésotérique

LES DEUX ORPHELINES VAMPIRES

 

1997 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Alexandra Pic, Isabelle Teboul, Brigitte Lahaie, Tina Aumont, Bernard Charnacé, Nathalie Perrey, Anne Duguël

 

THEMA VAMPIRES I SAGA JEAN ROLLIN

Après avoir mis un peu la pédale douce sur les films de vampire en réalisant du bout de la caméra quelques comédies érotiques sous divers pseudonymes, Jean Rollin décide de revenir à ses premières amours avec ces Deux orphelines vampires adaptées d’un de ses romans paru en 1993 chez Fleuve Noir, dans le cadre de la collection « Frayeur ». Le livre était bien entendu conçu comme un clin d’œil au classique « Les deux orphelines » d’Alphonse d’Ennery et Eugène Cormon, la référence étant assumée par l’un des personnages nommé Dennery. Hélas, Rollin semble un peu s’épuiser sur ce sujet récurrent du vampirisme féminin, comme si le cœur n’y était plus. Certes, personne n’oserait qualifier ses films d’épouvante précédents de chefs d’œuvre, voire même de séries B efficaces. Mais il y avait tout de même dans ces œuvrettes des seventies un grain de folie, une volonté de surprendre, un avant-gardisme, bref un côté OVNI qui leur valait un statut de curiosités expérimentales. Tout ceci s’est évaporé ici, hélas. Seul l’amateurisme et la maladresse semblent subsister.

Le scénario n’est à priori pas pire qu’un autre. Il concerne deux pauvres petites orphelines aveugles, Louisette et Henriette (Isabelle Teboul et Alexandra Pic), adoptées par un médecin affable qui les prend en pitié (Bernard Charnacé). Ce que le brave homme ignore, c’est que la nuit venue, les fausses ingénues retrouvent la vision et sont animées d’une immense soif de sang. Au fil de leurs errances nocturnes, elles se mettent sous la dent des victimes humaines et canines et rencontrent quelques guest-stars de série B sur le retour comme Brigitte Lahaie (« la femme au fouet ») ou Tina Aumont (« la goule »). Parmi les autres personnages improbables qui croisent leur route, on note la « femme-louve » (Nathalie Karsenti), la « vampire aux ailes de chauve-souris » (Véronique Djaouti) et une mère supérieure incarnée par l’écrivain Anne Duguël. Hormis le charme indiscutable des deux jeunes comédiennes, il est difficile de trouver un attrait quelconque à ce film erratique, empêtré dans un scénario terriblement linéaire, une mise en scène approximative et des dialogues pseudo-poétiques d’une indigence confinant au grotesque.

Une maladroite mais touchante sincérité

Comme toujours l’érotisme est de rigueur, même si cette fois-ci Rollin l’aborde du bout des doigts, le temps d’une séquence nocturne où les deux buveuses de sang se dévêtent au clair de lune en oubliant la pudeur la plus élémentaire. Dommage que le cinéaste n’ait pas poussé plus loin l’ambiguïté liée à la nature vampirique de ses héroïnes, lesquelles évoquent de nombreuses vies antérieures au fil des siècles passés tout en laissant transparaître des troubles psychique qui suggèrent une affabulation totale et pourraient expliquer du coup la suppression de nombreux éléments surnaturels habituellement rattachés au mythe (le pouvoir des crucifix, des gousses d’ail, de la lumière du jour, de l’eau bénite, la résurrection des victimes vampirisées). Mais cet aspect du récit est traité à la légère, le cinéaste s’attachant moins aux explications qu’aux évocations, fussent-elles nébuleuses. En toute logique, Les Deux orphelines vampires passa inaperçu sur nos écrans, ce qui n’empêcha guère son entreprenant auteur d’enchaîner sur une Fiancée de Dracula tout aussi anecdotique. Voilà en tout cas un homme qui ne se sera guère détourné, au fil de sa longue carrière, d’une ligne directrice unique et quasi-monomaniaque. Reconnaissons-lui au moins cette constance, preuve d’une maladroite mais touchante sincérité.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection



Partagez cet article