LES DENTS DE LA MER 2ème PARTIE (1978)

Le réalisateur des Insectes de feu s’attaque à la suite du chef d’œuvre de Spielberg et nous offre un second épisode de haut niveau

JAWS 2

 

1978 – USA

 

Réalisé par Jeannot Szwarc

 

Avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Joseph Mascolo, Jeffrey Kramer, Collin Wilcox, Ann Dusenberry

 

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA LES DENTS DE LA MER

Steven Spielberg ayant refusé de réaliser la séquelle des Dents de la mer pour éviter les redites, la lourde responsabilité de ce second épisode repose d’abord sur les épaules du réalisateur John Hancock, qui avait signé le film d’horreur Let’s Scare Jessica to Death. Mais après quatre semaines de tournage, il devient clair qu’il n’est pas l’homme de la situation. Il faut donc le remplacer en quatrième vitesse, dans la mesure où la date de sortie des Dents de la mer 2ème partie est déjà fixée (début juin 1978) et ne peut pas changer. Qui sera capable de prendre la relève avec efficacité et de se plier aux contraintes d’un tel tournage ? C’est le directeur artistique Joe Alves qui suggère le nom de Jeannot Szwarc. Ce jeune réalisateur français expatrié outre-Atlantique, à qui l’on doit une tonne d’épisodes de séries télévisées ainsi que le long-métrage Les Insectes de feu, accepte le défi sans hésiter. Confronté aux mêmes problèmes techniques et logistiques que Steven Spielberg à l’époque du premier Jaws, Szwarc doit en outre commencer à tourner sans scénario, Carl Gottlieb réécrivant tout depuis le début après le faux-départ amorcé par la production. Ce ne sont évidemment pas des conditions idéales pour se lancer dans un tel projet. Les qualités de cette séquelle n’en sont que plus appréciables.

Même si Roy Scheider, Lorraine Garry et Murray Hamilton reprennent leurs rôles, l’action se centre surtout ici sur la jeune génération, celle des adolescents d’Amity, parmi lesquels on trouve un étonnant sosie de Steven Spielberg jeune (incarné par Keith Gordon, futur héros de Pulsions et Christine). Ne s’embarrassant pas de trop longs préliminaires (après tout, les spectateurs savent maintenant à quoi s’en tenir), Les Dents de la mer 2ème partie donne très tôt le ton : deux plongeurs sous-marins venus photographier l’épave de  l’Orca sont violemment attaqués par un énorme squale, puis vient le tour de deux skieuses nautiques dont le bateau finit par exploser, jusqu’à ce que l’impressionnant cadavre mutilé d’un orque ne s’échoue sur le plage et ne confirme les craintes viscérales du shérif Brody : un nouveau grand blanc rôde dans les parages. Bien sûr, le maire d’Amity fait à nouveau la sourde oreille, faute de preuves. Et tandis que Brody se transforme en émule du capitaine Achab de « Moby Dick », emplissant ses balles de revolver de cyanure en attendant d’en découdre avec cet ennemi qu’il appréhende à titre personnel, le film s’attarde sur les enfants dont les seuls passions estivales sont les flirts et la voile. Ils deviendront bien sûr les victimes potentielles idéales de ce nouveau monstre marin…

Szwarc Attack

Si on lui épargne la comparaison avec son indétrônable prédécesseur, ce deuxième opus ne démérite pas, Jeannot Szwarc alignant avec efficacité les séquences de suspense et bénéficiant toujours de l’excellente prestation de Roy Scheider. Le non-dit fonctionne à plein régime lorsque le shérif Brody apprend dans quelles conditions un hors-bord semble avoir explosé sans explication. Son jeu intériorisé, la caméra s’attardant sur son visage buriné et les accords sinistres de John Williams nous font comprendre sans ambiguïté la terrible intuition qui le taraude. Inutile d’être télépathe pour lire dans ses pensées. « Ça recommence », se dit-il. Pour pouvoir se montrer digne du chef d’œuvre de Spielberg tout en ménageant son lot de surprises, cette séquelle revisite à sa manière quelques moments clés du premier Jaws en collectant d’excellents moments de suspense : la découverte d’un cadavre calciné dans l’eau, l’attente angoissée de Brody du haut de sa tour de surveillance, la révélation des photos prises par les deux premières victimes… Le film joue aussi la carte de la surenchère côté action, depuis la menace qui pèse sur une praticienne du ski nautique jusqu’à l’attaque des voiliers en pleine mer en passant par l’impensable assaut d’un hélicoptère de sauvetage. Szwarc décide d’ailleurs de montrer beaucoup plus le requin que dans le film précédent, d’abord parce que la technique est plus au point qu’en 1975, ensuite parce que le public est désormais familier avec le grand blanc et veut le voir plus ouvertement à l’œuvre. Avec son faciès vorace à moitié calciné, ce nouveau requin s’affirme ouvertement comme un monstre de cinéma et se déchaîne au cours d’un climax qui aurait dû logiquement marquer le point final de cette franchise. Deux séquelles très facultatives seront pourtant mises en chantier dans les années 80.

 

© Gilles Penso

 

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