Dans cette version en couleurs du célèbre roman d’Arthur Conan Doyle, les dinosaures sont incarnés par des reptiles déguisés
THE LOST WORLD
1960 – USA
Réalisé par Irwin Allen
Avec Michael Rennie, Jill St John, David Hedison, Claude Rains, Fernando Lamas, Richard Haydn, Ray Stricklyn, Jay Novello
THEMA DINOSAURES
Le début de ce Monde perdu version 1960 ressemble beaucoup à celui réalisé 35 ans auparavant par Harry O’Hoyt. La scène de la conférence de presse du zoologiste britannique George Challenger, en particulier, est presque la réplique de celle de la version muette. Persuadé de la continuité de la vie préhistorique sur un haut plateau sud-américain encore inexploré, Challenger (Claude Rains, ex-Homme invisible et Fantôme de l’opéra) décide ainsi de s’y rendre. Le chasseur Lord Roxton (Michael Rennie, le Klaatu du Jour où la terre s’arrêta), les enfants du commanditaire, Jennifer et David Holmes (Jill St John et Ray Stricklyn), le reporter Ed Malone (David Hedison) et le professeur Summerlee (Richard Haydn), rival de Challenger, sont les membres de l’expédition. Mais dès que l’avion décolle, Irwin Allen s’écarte non seulement du film de O’Hoyt mais aussi du roman de Conan Doyle, avec lequel il n’a bientôt plus grand-chose à voir. Accompagnés de leur guide Costa, les explorateurs se retrouvent prisonniers sur le plateau hostile à cause de la destruction de leur hélicoptère.
Les dinosaures qu’ils y rencontrent sont hélas des plus ridicules. Au lieu d’opter pour l’animation image par image, comme prévu à l’origine, Irwin Allen a utilisé la même technique que dans le Voyage au centre de la terre d’Henry Levin qui venait de triompher sur les écrans. Nous avons donc droit à un varan affublé d’une collerette cervicale et de plaques dorsales en caoutchouc, que le professeur Challenger, éminent paléontologue, identifie formellement comme un brontosaure ! Cet animal affronte un petit crocodile recouvert de cornes et de membranes en plastique, dans un combat directement inspiré de celui de Tumak, fils de la jungle. Entre-temps, un iguane, encombré de deux fausses cornes, broute des touffes d’herbe. L’animal le plus spectaculaire du film est un varan – cornu et membrané – qui surgit de l’eau, dans le magnifique décor de la grotte souterraine bordée de lave, et dévore un homme (une petite figurine) avant d’être enseveli, comme dans le film précédent, dans un flot de lave.
La préhistoire en Cinémascope
Fort heureusement, le film ne repose pas entièrement sur les monstres préhistoriques, parmi lesquels on note aussi une tarentule « géante » très maladroitement incrustée. Le scénario s’adjoint des révélations concernant les héros, ainsi qu’une tribu indienne d’où s’extraira une belle sauvageonne pour venir en aide à l’expédition. Les décors filmés en Cinemascope sont souvent superbes, et les comédiens (à part un David Hedison visiblement peu concerné, qu’on retrouvera en Felix Leiter dans Vivre et laisser mourir et Permis de tuer) sont pleins d’attrait, avec une mention spéciale pour Vitina Marcus en femme préhistorique aussi séduisante qu’improbable. La fin du film, bien moins audacieuse que dans la version de 1925, montre Challenger décidant de ramener à la civilisation un bébé tyrannosaurus rex (en fait un petit lézard cornu), et s’arrête là. Contacté comme conseiller aux effets spéciaux, Willis O’Brien n’a malheureusement pas son mot à dire pendant le tournage, Irwin Allen ayant simplement utilisé son nom pour le prestige. Roi du recyclage, Allen réutilisera des extraits du film pour ses séries télévisées Voyage au fond des mers, Perdus dans l’espace, Land of the Giants et Au cœur du temps.
© Gilles Penso
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