Plusieurs stars se bousculent dans ce film d’horreur où William Shatner se décompose et où Ernest Borgnine se transforme en bélier !
THE DEVIL’S RAIN
1975 – USA / MEXIQUE
Réalisé par Robert Fuest
Avec Ernest Borgnine, Tom Skerritt, Joan Prather, Eddie Albert, William Shatner, Ida Lupino, John Travolta
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Adulé par toute la communauté fantasticophile grâce à des œuvres aussi atypiques que L’Abominable docteur Phibes ou Les Décimales du futur, Robert Fuest continue à cultiver son goût du non-conformisme avec La Pluie du diable, à la différence près qu’il évacue ici l’humour satirique qui était jusqu’alors l’une de ses marques de fabrique. Car ce récit très manichéen s’apprécie au premier degré. Très proche des thématiques développées dans Les Vierges de Satan de Terence Fisher, La Pluie du diable se distingue par l’atmosphère de western que véhicule son décor de ville fantôme perdue dans un désert de l’ouest américain. Ici, Satan s’affronte un fusil à la main et un stetson vissé sur la tête. Ne s’embarrassant guère de prologue explicatif, le film démarre sur des chapeaux de roue et entraîne le spectateur dans sa folle course. Bien décidé à en découdre avec une secte sataniste qui a kidnappé ses parents, Mark Preston (William Shatner) investit une vieille église abandonnée et se heurte au grand gourou Jonathan Corbis (un Ernest Borgnine proprement habité par son rôle). Capturé à son tour par les adorateurs de Lucifer, il ne peut désormais plus compter que sur son frère Tom (Tom Skeritt) et sur l’épouse de celui-ci (Joan Prather), qui semble développer des perceptions extrasensorielles.
Mais la lutte est loin d’être gagnée d’avance, d’autant que Corbis semble prêt à tout pour récupérer un livre dans lequel tous ceux qu’il a converti à ses diableries ont signé un pacte avec leur sang. Or cette relique repose depuis trois cents ans entre les mains de la famille Preston… La Pluie du diable baigne dans un climat très étrange qu’il doit en partie à l’austérité de sa mise en scène, ponctuée çà et là d’images particulièrement insolites, proches des délires surréalistes que cultivera Don Coscarelli dans Phantasm. Parmi ces visions d’épouvante folkloriques, dues au talent du maquilleur Tom Burman, les plus marquantes sont probablement les visages des adorateurs de Satan, similaires à des figures de cire dont les yeux sont remplacés par des orbites vides. Présents tout au long du film, ces faciès morbides ne perdent jamais leur efficacité. Dans le registre du bizarre, il faut également citer la transformation ponctuelle d’Ernest Borgnine en homme-bélier diabolique !
John Travolta caché sous le latex
Le rythme du film s’étiole ensuite singulièrement, émoussant peu à peu l’intérêt du spectateur, mais la scène finale ravive soudain l’attention. Pendant cinq minutes ininterrompues, on y voit les visages de tous les membres de la secte se liquéfier et se décomposer de fort visqueuse manière. Ce spectacle impressionnant – et peu ragoûtant ! – valut au film le prix des meilleurs effets spéciaux lors de la sixième édition du Festival du Film Fantastique de Paris en 1977. Au détour d’un casting prestigieux, on note que La Pluie du diable offrit son premier rôle à John Travolta. Un effort tout particulier est cependant nécessaire pour le repérer, tant son apparition s’avère furtive et son visage méconnaissable sous les maquillages de Burman. Quant au montage du film, il est assuré par Michael Kahn, futur collaborateur indéfectible de Steven Spielberg.
© Gilles Penso
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