En pleine période de blaxploitation, même le monstre de Frankenstein change de couleur !
BLACKENSTEIN
1973 – USA
Réalisé par William H. Levey
Avec John Hart, Ivory Stone, Andrea King, Liz Renay, Joe De Sue, Roosevelt Jackson, Nick Bolin, Karin Lind, Yvonne Robinson
THEMA FRANKENSTEIN
Blacula ayant remporté un petit succès auprès des amateurs d’épouvante et de blaxploitation, il était logique que quelqu’un s’attelle dans la foulée à un Blackenstein (que les distributeurs jugèrent bon de sous-titrer « The Black Frankenstein » pour ceux qui n’auraient pas compris l’allusion !). Le principe consiste une fois de plus à moderniser un mythe classique en confiant tous les rôles principaux à des acteurs noirs, à l’exception de John Hart, un Christopher Lee du pauvre qui incarne ici l’éminent docteur Stein. Ce dernier officie dans une clinique aux allures de château baroque et son labo, véritable foire d’empoigne électronique, est empli d’appareils rectangulaires, de boutons, de boules et de leviers. Une partie de cet équipement, conçu par Kenneth Strickfaden, provient directement des décors du Frankenstein original. Un beau jour, l’une de ses anciennes élèves, la jolie Winifred Walker (Ivory Stone), lui rend visite et implore son aide. Son fiancé Eddie Turner (John DeSue) est en effet revenu du Viet Nam dans un bien piteux état. L’explosion d’une mine ayant arraché ses bras et ses jambes, il est désormais cloué sur un lit à l’hôpital des vétérans.
Visiblement, Winifred a frappé à la bonne porte, car ce bon vieux docteur Stein, Prix Nobel pour ses travaux dans la génétique, aimerait expérimenter une greffe d’organes sur Eddie, à l’aide d’un sérum miracle à base d’ADN (?) qu’il a mis au point. Winifred propose donc ses services comme assistante, mais Malcomb (Roosevelt Jackson), l’homme à tout faire de la clinique, tombe amoureux d’elle, et lorsqu’elle réfrène ses ardeurs, il décide de se venger en remplaçant le fluide génétique (??) d’Eddie par celui d’un autre patient pris d’accès incontrôlables de fureur. Du coup, après l’opération, notre vétéran aux membres greffés ne se sent pas dans son assiette. Le soir même, il se relève en poussant des grognements et se met à déambuler en ville en écartant les bras comme Boris Karloff. Sans explication, il a désormais un crâne hypertrophié cubique, une tignasse afro abondante, une peau livide, une taille avoisinant les deux mètres de haut et une peau insensible aux balles.
Tripes et boyaux
De retour à l’hôpital des vétérans, notre monstre retrouve un infirmier qui l’humiliait et lui arrache un bras. Puis il attaque un couple dans le voisinage, éventrant la femme et mangeant ses tripes ! Désormais, tous les soirs sont scandés par des sorties sanglantes où le gore – maladroit mais généreux – éclabousse les écrans avec ardeur. Les victimes suivantes de la créature insatiable sont une jeune fille abandonnée par son petit ami dans les bois, puis une femme à la sortie d’un cabaret qui, en le voyant, reste figée en hurlant et en exhibant son opulente poitrine ! Le final ne recule évidemment devant aucun excès, exhibant tripes et boyaux ainsi que des flots de sang orange fluorescent. On ne saurait dire, des trucages artisanaux, du jeu des acteurs désespérant, de la mise en scène digne d’un Jess Franco fatigué, de la musique outrancière ou du scénario risible, ce qui bat les records de médiocrité dans le film. Le plus étonnant est probablement le fait que cet improbable métrage ne cherche jamais à se positionner sous l’angle de la parodie, ni même à cultiver un quelconque humour. Or comment peut-on décemment réaliser un film qui s’appelle Blackenstein en se prenant au sérieux ?
© Gilles Penso
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